Avec la disparition d’Helmut Newton (lire p. 3), une page de l’histoire de la photographie se tourne indéniablement. Dans l’univers de la photographie de mode, marqué par le studio, où la pose reste encore mortellement figée, Newton bouscule très vite les codes, faisant descendre les modèles dans la rue, comme l’ont fait en leur domaine les cinéastes de la Nouvelle Vague. Qu’il soit chéri ou haï, le photographe provocateur a indiscutablement ouvert une brèche, offrant une nouvelle image de la femme dans le contexte de sa libération, belles exposant avec fierté et sans pudeur leur grâce et leur sensualité, conjuguant beautés froides et désirs ardents. Adepte d’un certain érotisme, Newton aura également été un grand portraitiste prestidigitateur, de Deneuve à Thatcher.
Dans le contexte plus général de l’histoire de l’art, Helmut Newton a surtout largement participé d’une affirmation de la photographie en tant qu’Art, passant allégrement du papier glacé des magazines aux cimaises des musées. Pour le centenaire de la Biennale de Venise en 1995, deux de ses images grand format, « Sie kommen » dressed et « Sie kommen » naked, étaient même présentées au Palazzo Grassi dans l’exposition « Figures of the body 1995/1995 », non loin des travaux de Bruce Nauman, Lucian Freund ou Francis Bacon. Une consécration ! Et c’est avec une exposition « Newton » que la nouvelle Galerie nationale du Jeu de paume consacrée à l’image ouvrira en avant-première en mai. Tout un symbole !
L’institution vient d’ailleurs de dévoiler quelques-uns de ses axes de travail pour ses premiers mois d’existence, une ligne qui tend justement à faire se croiser les générations et les démarches, les photographes professionnels et les artistes photographes. De grands écarts qui, s’ils promettent d’être riches en confrontations, se retrouvent dans une passion commune : celle de l’image.
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Grands écarts
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°186 du 6 février 2004, avec le titre suivant : Grands écarts