Va-t-on voir en France arriver une nouvelle génération de conservateurs de musées obligés de se transformer en « leveurs de fonds » pour financer les acquisitions de leurs établissements ? Pour provocante qu’elle soit, cette question qui aurait été digne d’un ouvrage de science-fiction il y a quelques décennies encore, n’est en fin de compte pas si déplacée. D’année en année, les budgets d’acquisitions des musées semblent fondre comme neige au soleil, et ce, quel que soit le statut des institutions, à Paris comme en province. Face aux opportunités qui se présentent sur le marché, ces directeurs n’auront bientôt plus comme alternative que de solliciter le bon vouloir des entreprises et des particuliers, comme le font nombre de leurs collègues outre-Atlantique. Dans ces conditions, l’action des sociétés d’amis de musées est aujourd’hui plus que jamais incontournable. À côté de leurs activités traditionnelles autour des trois domaines que sont les conférences, les visites et les voyages, leur philanthropie permet d’enrichir de façon conséquente les collections de nos musées. En témoignent les pièces entrées dans le domaine public grâce à la Société des Amis du Louvre ou de l’Association des amis du Musée national d’art moderne, dont le dîner annuel, qui rencontre d’année en année un succès grandissant, a permis d’acheter en 2007 des œuvres de Daniel Buren et Xavier Veilhan, Tacita Dean et Huang Yong Ping. D’autres musées ont bénéficié récemment de dons importants, comme le Musée d’art moderne de la Ville de Paris, avec des ensembles d’œuvres d’Étienne Martin offertes par le groupe L’Oréal ou de peintures d’Eugène Leroy données par le fils du peintre. Grâce à toutes ces libéralités, le musée parisien a quadruplé son budget d’acquisition en 2007 ! Mais la générosité a des limites. Même si l’histoire ne lui a pas toujours donné raison, le conservateur doit être le seul garant des œuvres qui entrent au musée. Parce que même en période de vache maigre, seule la qualité compte.
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°281 du 9 mai 2008, avec le titre suivant : Généreux donateurs