Garder le cap

Plus que jamais, l’histoire de l’art d’aujourd’hui et de demain s’écrit à l’international. Les institutions d’Europe l’ont bien compris en se tournant vers l’Asie. Après le Japon dans les années 1990, c’est au tour de la Corée du Sud, de Singapour et de la Chine de susciter de plus en plus de coopérations culturelles. Ces projets sont d’ailleurs d’ampleur variable. En décembre 2010, le Musée du Louvre inaugurait ainsi l’étrange exposition « Touching Art : Louvre’s Sculptures in Movement » au Hongkong Museum of Art. La manifestation ne réunissait en effet aucun original mais dix-huit répliques réalisées en résine ou en plâtre à partir de captures laser !

À l’autre bout de l’échelle, l’Allemagne vient de frapper un grand coup en prêtant près de 600 œuvres au nouveau Musée national chinois à Pékin. Fruit d’un accord conclu au plus haut sommet des deux États, cette exposition présente au public chinois un important survol de l’Europe des Lumières, considérée comme une base de réflexion pour ce pays en pleine mutation. Les autorités chinoises ont-elles médité sur le temps où Voltaire était emprisonné à la Bastille et ses écrits saisis par la censure ? Toujours est-il que le lendemain du vernissage de « L’art des Lumières », l’artiste engagé Ai Weiwei était arrêté à l’aéroport de Pékin, avant que l’on apprenne qu’il était « soupçonné de crimes économiques ». Un argument plus que spécieux, tout comme le prétexte derrière lequel l’Iran s’abrite pour mettre un terme à sa collaboration avec le Musée du Louvre. Manque de chance, ce dernier doit dans la même région faire face à d’autres difficultés, puisque le soulèvement populaire en Syrie a mis entre parenthèses les projets du musée français sur place.

Décidément, notre monde connaît bien des bouleversements. L’important, c’est de garder le cap.