Les records atteints aux enchères en mai par le Cri de Munch (120 millions de dollars) ou Orange, Red, Yellow de Rothko (87 millions de dollars) sont-ils les signes avant-coureurs d’une nouvelle bulle spéculative dans le marché de l’art ? Rien n’est moins sûr et la récente introduction en bourse de Facebook en apporte indirectement un éclairage significatif. En mai 2004, Le Garçon à la Pipe de Picasso franchissait le seuil symbolique des 100 millions de dollars chez Sotheby’s New York. Trois mois auparavant, Mark Zuckerberg et ses associés créaient le réseau social Facebook. En huit ans le chiffre d’affaires de la start-up Internet est passé de zéro à 3,7 milliards de dollars ; et il y a quelques jours, la compagnie a réussi à lever près de 24 milliards de dollars au Nasdaq portant son évaluation à 104 milliards de dollars. Des chiffres tellement considérables qu’on a peine à en prendre la mesure. Mais dans le même temps, la plus haute enchère est passée de seulement 100 à 120 millions de dollars, soit en réalité une baisse en dollar constant, ce que l’on oublie trop souvent de dire. Le chiffre d’affaires annuel du marché de l’art est tout aussi sage puisque, sur la même période, il fait le yo-yo entre 30 et 60 milliards de dollars, soit à peine deux fois plus que ce que Facebook a levé en un jour. Que l’art moderne et contemporain soient à la mode, tout le monde en convient. Qu’ils soient devenu pour certains un placement financier, nous l’avons cent fois écrit dans ces colonnes. Que les maisons de ventes aient réussi à faire des événements de leurs ventes de prestige, c’est un fait. Mais il serait hasardeux d’affirmer que l’art est devenu spéculatif. La planète regorge de liquidités alimentées par quarante ans de planches à billets américaines (principalement) et européennes (un peu), des liquidités qui cherchent le meilleur rendement. Pour l’heure les investisseurs préfèrent largement placer leur argent dans une entreprise qui vend de l’immatériel plutôt que dans des tableaux historiques bien réels.
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
Facebook et « Le Cri »
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°370 du 25 mai 2012, avec le titre suivant : Facebook et « Le Cri »