ÉTÉ STUDIEUX
En ce qui concerne le marché de l’art, la France, on le sait, n’est plus le centre du monde. Un récent rapport sur Les Risques induits par une nouvelle augmentation du taux de TVA à l’importation sur les œuvres d’art rappelle que le pays «n’a pas cessé de perdre des parts [de marché] pour ne plus représenter qu’un peu plus de 5% d’un bloc mondial dominé par les États-Unis, la Chine et l’Angleterre». Il en constituait l’élément principal après la Seconde Guerre mondiale. Que s’est-il passé? L’Hexagone a raté le train de la mondialisation, ce qui permet à l’historienne Julie Verlaine de parler, dans sa passionnante étude sur Les galeries d’art contemporain à Paris, 1944-1970, de «marginalisation de la capitale française […] dans la géographie des relations artistiques» (Publications de la Sorbonne). À la rentrée, ce marché risquerait d’être un peu plus marginalisé encore si la TVA à l’importation des œuvres d’art devait passer, dans les prochaines semaines, de 5,5% à 10%. Une hausse de 4,5%: pas de quoi émouvoir les foules, dira-t-on. Et pourtant, explique le rapport, «en matière d’œuvres d’art, un pays s’enrichit de ses importations, et s’appauvrit de ses exportations». C’est de l’ordre du bon sens; encore va-t-il falloir le faire entendre auprès du public et des décideurs politiques qui ne connaissent pas toujours le fonctionnement du marché de l’art. Ce dernier est l’objet de préjugés défavorables nourris par le soupçon d’escroquerie et de spéculation. La faute au marché qui a longtemps érigé la discrétion et l’opacité en principe. La faute, aussi, aux acteurs de ce marché (antiquaires, galeries, maisons de ventes) qui n’ont pas su, à la différence de la Grande-Bretagne, se rassembler derrière des intérêts communs pour les défendre à l’Assemblée, au Sénat, à Bruxelles et ailleurs. Ledit rapport réunit pour la première fois les trois principales organisations représentatives des professionnels diffuseurs d’art, qui s’en félicitent: le SNA (Syndicat national des antiquaires), le CPGA (Comité des professionnels des galeries d’art) et le Symev (Syndicat national des maisons de ventes volontaires). En juillet, lors de la présentation à la presse de cette étude, le patron de Sotheby’s France, Guillaume Cerrutti, s’est illustré par un mot d’esprit en lançant l’idée de faire de 2014 l’année de la «FAM», autrement dit du French Art Market. Et si la plaisanterie devenait sérieuse?
ÉTÉ MEURTRIER
Encore de tristes vacances pour le patrimoine. Elles ont commencé avec l’incendie de l’hôtel de ville de La Rochelle, bâtiment construit entre le XVe et le XIXe siècle et classé au titre des Monuments historiques en 1861. L’édifice a durement souffert même si, fort heureusement, les œuvres qu’il contenait ont pu être protégées, à l’instar des tapisseries d’Aubusson et de la chasuble de Richelieu. Elles se sont poursuivies par l’incendie de l’hôtel Lambert, à Paris, splendide hôtel particulier achevé en 1644 par Louis LeVau. Les décors de LeBrun de la Galerie d’Hercule ont pu être sauvés, mais le plafond du Cabinet des bains, peint entre 1652 et 1655 par Eustache Le Sueur, n’a pas eu cette chance. Il s’est effondré, causant des dégâts «irréversibles».
ÉTÉ MOUVEMENTÉ
Fin de manche pour France-Muséums. Si Aurélie Filippetti ne cachait pas son étonnement de voir son ministère écarté de la gestion du projet du Louvre-Abou Dhabi par son opérateur culturel, l’émirat arabe avait fait part de son mécontentement à propos de la gestion distante et amateure du futur musée qui doit ouvrir à la fin de 2015, menaçant de tout abandonner. La Rue de Valois a donc fait savoir qu’elle reprenait les choses en main: élection de nouveaux conseils d’administration et scientifique, remplacement à la tête de France-Muséums de Laurence des Cars (qui va à l’Orangerie) par Manuel Rabaté, constitution –enfin!– d’une équipe détachée sur place… Le ministère est de retour.
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Été studieux
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°660 du 1 septembre 2013, avec le titre suivant : Été studieux