PARIS
Déconcentration. La récente publication du Département des études, de la prospective et des statistiques du ministère de la Culture (Atlas régional de la culture 2018) vient rappeler une réalité que l’on s’efforce trop souvent d’oublier : les budgets culturels de l’État vont massivement en Île-de-France.
Non seulement les départements parisiens absorbent la plus grande partie des crédits (68 %), mais en plus les Franciliens reçoivent dix fois plus que les habitants en région : 202 euros contre 20 euros.
Et pourtant, l’Île-de-France compte moins de 15 % des principaux équipements culturels. Cet écart s’explique par la grande concentration d’équipements nationaux coûteux à Paris, fruit de l’histoire jacobine française.
Aussi importantes furent-elles, les grandes lois de décentralisation des années 1980 n’ont pas réussi à rééquilibrer le rapport Paris-province. Certes, ce n’est plus Paris et le désert français (Jean-François Gravier) et les collectivités territoriales ont massivement investi dans leurs musées, théâtres et bibliothèques enclenchant une dynamique positive, mais les mentalités et les réseaux font que c’est encore à « Paris que cela se passe ». Au passage, relevons que cet élitisme parisien nourrit un ressentiment en régions, dont les « gilets jaunes » sont l’une des incarnations. Dans le même temps, Paris se vide de ses habitants chassés par les prix de l’immobilier tandis que les banlieusards n’en peuvent plus des RER qui arrivent en retard.
La solution ? Une solution ? Il ne faut pas simplement décentraliser (transférer la tutelle d’un établissement à une collectivité), mais aussi déconcentrer les équipements nationaux. Pourquoi faut-il que chaque période de l’histoire de l’art ait son musée national à Paris ? L’art ancien au Louvre et le XIXe à Orsay, passe encore, mais pourquoi le Quai Branly et le Centre Pompidou ne sont-ils pas en province ? La capitale ne manque pas d’établissements publics (les musées de la Ville de Paris) ou de fondations privées pour offrir aux Parisiens des lieux d’exposition d’art premier ou contemporain.
Il est évidemment impossible de déménager ces institutions à Nantes ou Bordeaux (encore que), mais à l’heure du questionnement sur les musées rattachés au ministère de la Culture (SCN) , on peut au moins se poser la question pour l’archéologie (Saint-Germain-en-Laye), le Moyen Âge (Cluny) ou la Renaissance (Écouen).
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
Et si l’on déménageait des musées nationaux en province ?
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°516 du 1 février 2019, avec le titre suivant : Et si l’on déménageait des musées nationaux en province ?