La saison automne-hiver des foires s’ouvre alors que Messe Schweiz [le propriétaire de la foire de Bâle] annonce le rachat de celle de Hongkong et que Frieze [lire p. 38], à Londres, lancera une nouvelle foire à New York en mai.
La saison automne-hiver des foires s’ouvre alors que Messe Schweiz [le propriétaire de la foire de Bâle] annonce le rachat de celle de Hongkong et que Frieze [lire p. 38], à Londres, lancera une nouvelle foire à New York en mai. L’amateur, le collectionneur, l’investisseur peuvent s’en réjouir. De solides professionnels élargissent leur offre, répondent stratégiquement à la mondialisation. L’acheteur voyagera de Londres à Paris puis à Miami, de New York à Hongkong, ira en mars à Dubaï pour découvrir la création de tous les continents. Apparence. À chaque fois, le voyageur se rendra en pays connu, ce qui le rassurera mais n’en fera pas forcément un « découvreur ». Dans chaque foire, il parcourra un alignement de stands bien similaire, embrassera les mêmes visages, dînera avec les mêmes. Car ces organisateurs opèrent dans le mainstream et déclinent le même format. Morne cohorte.
Art Berlin Contemporay (ABC) a démontré, le mois dernier, qu’il était possible d’inventer. Il ne s’agit pas de la décalquer, mais simplement de constater qu’une réflexion sur le contenu d’une foire est possible. À certaines conditions. ABC n’est pas un salon de refusés mais est porté par des galeries berlinoises, déjà à l’origine d’un événement majeur : le Gallery Weekend. Pendant trois jours et trois nuits, 44 galeries d’art contemporain organisent simultanément des vernissages. À Berlin, les galeries ont réussi, elles, à dépasser leur individualisme pour se fédérer et porter un événement international qui gagne en ampleur (du 27 au 29 avril 2012). Ensuite, ABC se donne une thématique. Cette année, « About painting », ligne définie, pas attrape-tout mais suffisamment ouverte pour inclure des artistes, qui loin du tableau, utilise ce médium pour d’autres créations. La sélection des artistes a été confiée à deux curateurs institutionnels et les valeurs sûres ou d’actualité – Neo Rauch, Georg Baselitz, Daniel Richter… – étaient absentes. Ainsi, ce sont Matthias Weischer (Eigen Art), Peter Bönisch (CFA), Jochen Klein (Daniel Buchholz) qui avaient été retenus chez ces grands noms du marché. L’accrochage devenait hybride, pas d’enfilade de stands, les œuvres avaient la primauté et se succédaient comme lors d’une biennale. Cités sur le cartel, les galeristes étaient discrets. Un parcours frais, vivifiant, montrant la peinture dans sa diversité et laissant au visiteur la possibilité de contacter les marchands pour de vraies découvertes et une autre échelle de prix. « ABC est une foire qui ne veut pas être une foire », relevait la Frankfurter Allgemeine Zeitung, qui, n’oubliant pas qu’Art Forum Berlin avait rendu son tablier, citait la liste des ventes conclues pendant les cinq jours.
(1) Emmanuel Fessy fut le premier rédacteur en chef du JdA, de 1994 à 2001. efessy@ymail.com
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Emmanuel Fessy, directeur des études à l’Ensad (1) - « Une autre foire est possible »
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°354 du 7 octobre 2011, avec le titre suivant : Emmanuel Fessy, directeur des études à l’Ensad (1) - « Une autre foire est possible »