S’il est un concept d’exposition qui a connu un succès éclatant ces dernières décennies, c’est bien celui de « Biennale » : d’Istanbul à Valence, de Prague à Tirana, des dizaines de villes à travers le monde accueillent aujourd’hui ce type d’événement. Encore que parler de concept soit un peu abusif, tant il se résume le plus souvent à une juxtaposition de travaux sans lien aucun entre eux, conséquence d’un choix d’artistes s’opérant à partir de listes qui prennent en compte la notoriété du moment ou l’appartenance des sélectionnés à un réseau constitué. Pour s’éloigner de ces pratiques, les commissaires de l’édition 2002 de Manifesta, l’itinérante Biennale européenne d’art contemporain, avaient visité des centaines d’ateliers, avec pour tout résultat une décevante édition à Francfort. Les concepteurs de l’exposition 2004, Marta Kuzma et Massimiliano Gioni, ont délibérément pris le contre-pied du parti pris de leurs prédécesseurs en choisissant une thématique inspirée du lieu même de la manifestation, Donostia-San Sebastián, au Pays basque espagnol. L’ensemble des travaux réunis jusqu’au 30 septembre explore les champs politiques et sociaux en jouant en particulier de l’opposition entre un centre-ville bourgeois et une périphérie industrielle. Le résultat est riche en découvertes dans un accrochage maîtrisé. L’exposition sort également avec bonheur d’un jeunisme dans lequel Manifesta restait artificiellement confinée.
Cette mise en exergue de travaux qui puisent leur ressort dans le politique est loin d’être prônée par tous. Ainsi, dans sa déclaration d’intention, Harald Szeemann, commissaire de la toute nouvelle Biennale de Séville (3 octobre-5 décembre), estime que « l’art ne doit pas être un commentaire de l’actualité, mais au contraire offrir une appréhension à travers l’intensité du présent ». Un concept auquel devront réfléchir les deux artistes français invités, Annette Messager et Stephen Dean.
Mais loin de ces prises de position, une autre biennale ouvre le 14 septembre à Paris, une manifestation commerciale cette fois puisqu’il s’agit de la Biennale des antiquaires. Une autre histoire assurément, même si l’objectif reste toujours le même : l’excellence !
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D’une Biennale à l’autre
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°198 du 10 septembre 2004, avec le titre suivant : D’une Biennale à l’autre