Le changement d’air qui circule à Beaubourg annonce-t-il un changement d’ère ? Nous avions pointé dans ces colonnes la frilosité du Centre à l’égard de la création française. Aujourd’hui, un anticyclone semble s’installer sur le site de Renzo Piano. L’exposition « Airs de Paris » qui fait la part belle aux jeunes artistes français précède un hommage à Annette Messager, une artiste certes plus confirmée.
Le jeune nouveau président du Centre a sorti le drapeau tricolore des remises. Et il s’apprête à investir les espaces inoccupés du Palais de Tokyo, résolvant en partie le problème d’espace de Beaubourg. Aussi, dans ce contexte, l’antenne de Shanghai n’est plus un dérivatif comme nous le craignions mais une reconquête. Trop longtemps, au nom d’une France généreuse et ouverte sur la planète, les acteurs du monde de l’art ont rechigné à soutenir trop ouvertement la jeune création de notre pays. Mais, à la longue, les postures ça fatigue. Les Britanniques, les Allemands et bien sûr les Américains n’ont pas ces préventions. Réalisme et pragmatisme, ce n’est pas vulgaire, même en art.
La même question se pose dans les couches supérieures de l’atmosphère, les champs élyséens qui accueillent un nouveau locataire. Nicolas Sarkozy, comme sa concurrente malheureuse, appartient à une nouvelle génération d’hommes et de femmes politiques. Le changement annoncé d’équipe et de politique va-t-il toucher la culture en général et les arts plastiques en particulier ?
Il ne faut pas s’attendre à de grands bouleversements dans un domaine aussi peu clivé idéologiquement. Le nouveau président de la République assimile tout autant que ses opposants l’art et les musées à un bien public. Seul diffère sans doute le quantum dévolu au privé. Reste le problème de son image aux yeux d’une bonne partie des intellectuels et artistes : trop libérale, trop conservatrice au sens « franchouillard », trop interventionniste.
Dans un domaine où l’on œuvre naturellement avec les symboles, chaque geste de la nouvelle équipe risque d’être mal interprété. Mais le monde culturel dans son ensemble n’a rien à gagner à une guérilla telle que l’ont menée les intermittents du spectacle. Qui sème le vent récolte l’immobilisme. |
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Du changement dans l'air
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°592 du 1 juin 2007, avec le titre suivant : Du changement dans l'air