L’article publié par le JdA dans son numéro 269 (du 16 au 29 novembre 2007 ; voir lien ci-contre) relatif à « Une profession dans l’embarras » fait état de remarques tout à fait infondées sur le rôle de l’Institut national du patrimoine (INP) et témoigne d’une profonde méconnaissance des réformes récemment intervenues.
L’INP n’est nullement aujourd’hui « calqué sur un modèle de polyvalence », mais repose sur une exigence de pluralité, ce qui est radicalement différent. Le concours a été profondément modifié pour donner leur place autant aux historiens de l’art qu’aux archéologues, aux ethnologues qu’aux spécialistes des sciences de la nature. Pour permettre aussi à chacun, dans son domaine, de faire valoir son haut niveau de connaissances scientifiques spécialisées. C’est donc ignorer totalement les modalités actuelles du concours que de laisser penser qu’il conduirait à une insuffisante prise en compte de la « spécialisation » scientifique. Il suffit, pour se convaincre de cette diversité d’excellence, d’assister aux oraux des candidats admissibles ou de consulter les annales des concours, et leurs meilleures copies. On peut alors définitivement tordre le cou à cette idée fausse de « faiblesse scientifique » des jeunes conservateurs, qui leur porte gravement atteinte. Rappelons aussi que la promotion 2007 compte plusieurs anciens élèves de l’École normale supérieure et de l’École nationale des Chartes, et plusieurs titulaires d’un doctorat nouveau régime.
La formation à l’INP prépare également à la pluralité des métiers que les conservateurs exerceront dans différents champs du patrimoine (archives, musées, archéologie, inventaire, monuments historiques, patrimoine scientifique, technique et naturel) et à la multiplicité de leurs tâches, administratives et scientifiques. Elle prévoit une préparation spécifique des élèves à leur futur domaine d’activité et le partage, par tous, d’une déontologie et de références communes dans l’exercice du métier. Elle favorise la capacité d’adaptation et l’esprit de recherche. Elle permet un remarquable brassage de parcours, de savoirs et d’expériences, ce qui ne signifie pas la dissolution des identités ni l’homogénéisation des profils mais constitue un facteur exceptionnel d’enrichissement mutuel. Le concours n’aurait pas su « s’adapter » ni s’ouvrir aux étrangers. Erreur : depuis deux ans, le concours est ouvert à l’ensemble des ressortissants européens et une jeune espagnole est actuellement en formation. Toutes les informations disponibles sur le concours mentionnent cette ouverture (sites Internet, brochures d’information, affiches…). Les chiffres, enfin : s’il est juste de souhaiter une « intensification des recrutements », il est inexact d’affirmer que l’on assiste à « un phénomène inverse ». Le nombre de postes mis au concours des conservateurs en 2007 par l’État, la Ville de Paris et les collectivités territoriales est de 52, chiffre jamais atteint dans le passé, avec un nombre record de postes pour les collectivités territoriales (29). Les recrutements opérés par le concours depuis cinq ans ont augmenté de plus de 50 % par rapport aux cinq années précédentes. Le nombre de conservateurs formés par l’INP depuis 1990 n’est pas de 470 mais de 600. En conclusion, si le concours « pose problème » aujourd’hui, c’est donc surtout à ceux qui ne le connaissent pas. Ce qui est regrettable. N’en déplaise à sa directrice, le concours de recrutement des conservateurs pose bel et bien problème aujourd’hui, comme nous l’ont confirmé plusieurs chefs d’établissements et conservateurs. Nous regrettons que Mme Geneviève Gallot s’attache davantage à la défense de son établissement, qui ne constituait pourtant pas le cœur du sujet de notre article, qu’à celle d’une « profession dans l’embarras ».
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Droit de réponse : Geneviève Gallot
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°272 du 4 janvier 2008, avec le titre suivant : Droit de réponse : Geneviève Gallot