Si comme le demande l’Institut Wildenstein par la voix de son conseil Jean-Luc Chartier, dans son droit de réponse à un article concernant l’arrêt rendu à son encontre (lire le JdA n°271, 14 décembre 2007), le lecteur doit être informé, encore doit-il l’être rigoureusement.
Or, l’Institut Wildenstein propose un tableau en trompe-l’œil des faits et du droit. Trois points méritent donc d’être réaffirmés sans ambiguïté. Depuis neuf ans, l’Institut Wildenstein refusait d’intégrer dans son catalogue raisonné une œuvre pourtant incontestable de Kees Van Dongen, exposée du vivant du peintre au Musée d’art moderne [de la Ville de Paris], œuvre reconnue par sa veuve et authentifiée lors de plusieurs ventes par différents experts et galeristes. Oui, l’arrêt rendu par la cour d’appel de Paris, le 2 mai 2007, contraint bien l’institut Wildenstein à admettre cette œuvre dans son catalogue raisonné. Si comme le précise Maître Chartier, cet arrêt donne acte à l’institut Wildenstein de son engagement à citer l’œuvre dans son catalogue, cet engagement étant le fruit tardif de l’alarme devant l’avalanche des preuves et la faiblesse de la position, la cour précise au terme de son dispositif qu’elle l’y « condamne au besoin ». Il s’agit donc bien d’une condamnation, assortie, rappelons-le, de dommages et intérêts versés par l’institut aux propriétaires de l’œuvre dont la douteuse exclusion prononcée sans motif par l’institut empêchait la vente. N’est-ce pas là, contrairement à ce qu’il est affirmé sans vergogne, la reconnaissance de la faute retenue explicitement par la cour ? Oui, il s’agit d’une décision de justice inédite et nouvelle, renversant la situation d’impunité de l’Institut Wildenstein.
Comment est-il possible d’affirmer que cette décision ne remet pas en cause le premier jugement du tribunal de grande instance, rendu le 16 novembre 2000, jugement qui avait « laissé libre de ses opinions » l’institut ? Alors que la cour d’appel a effectivement réformé dans un premier temps intégralement ledit jugement et a imposé ensuite dans son deuxième arrêt du 2 mai 2007 de faire désormais figurer l’œuvre au catalogue raisonné du peintre. Comment l’Institut Wildenstein peut-il prétendre que la jurisprudence « reste inchangée » en citant un arrêt rendu, dans une affaire analogue, le 2 février 2007, c’est-à-dire antérieur à l’arrêt prononçant sa condamnation, le 2 mai 2007 ? De qui se moque-t-on ? Oui, l’Institut Wildenstein a perdu pour la première fois le droit d’imposer, au nom d’une prétendue « liberté d’opinion », son pouvoir exorbitant quant à la valeur d’une œuvre sur le marché de l’art.
Avocat Affaire Wildenstein
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Droit de réponse : Daphné Juster
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°272 du 4 janvier 2008, avec le titre suivant : Droit de réponse : Daphné Juster