Il faut se méfier des préjugés. Une enquête que Le Journal des Arts consacre cette semaine à Wikipédia et à l’histoire de l’art en apporte une nouvelle fois la démonstration. Qui aurait prédit dix ans plus tôt, lors de sa création, le succès massif de cette encyclopédie en ligne collaborative que l’on consulte plus ou moins en cachette pour vérifier une date de naissance ou tout autre élément biographique ? Un succès attesté par le montant des donations (800 000 euros pour 2012) qui permet à l’association Wikimédia France de professionnaliser sa structure. Dans un autre registre, qui aurait prédit le recours croissant au financement privé pour les expositions ou les acquisitions ? Que n’entendait-on il y a dix ans sur ces musées « qui vendent leur âme » ? Aujourd’hui c’est l’inverse qui se produit : les musées, même s’il faut admettre que ce n’est pas de gaîté de cœur, sollicitent tous le privé et se plaignent de sa réticence à leur apporter un mécénat. Il y a peu encore, en 2004, le prêt rémunéré d’œuvres par le Musée du Louvre au High Museum of Art d’Atlanta (Géorgie) suscitait l’indignation. Depuis, la pratique s’est largement répandue, et le Musée d’Orsay, les musées Picasso de Paris et d’Antibes, pour ne citer qu’eux, ont financé leurs travaux de restauration par des expositions fournies clefs en main. Il y a dix ans également, qui aurait annoncé que la Chine obtiendrait la deuxième place pour le marché de l’art ? Il y a dix ans, qui aurait pronostiqué que les touristes brésiliens seraient la seconde nationalité parmi les visiteurs étrangers du Louvre ? Les exemples sont nombreux et ce numéro du JdA rend compte d’événements inimaginables une décennie auparavant : un festival de photographie au Cambodge, une foire d’art contemporain à Miami devenue incontournable… C’est une évidence, mais il faut sans cesse le rappeler : le temps s’est accéléré et la mondialisation bouscule les situations acquises. Est-ce un progrès ? Les historiens le diront à nos enfants et petits-enfants, objets de toutes les attentions de nos sociétés modernes, y compris de la part des musées.
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Dix ans déjà
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°359 du 16 décembre 2011, avec le titre suivant : Dix ans déjà