On ne soulignera jamais assez ce que doit l’art contemporain au mouvement Dada. En désacralisant l’art, en affirmant que l’art n’était pas seulement un tableau représentant la réalité mais pouvait être aussi un urinoir, Dada a ouvert la voie à toutes les expérimentations d’aujourd’hui. On peut bien sûr ergoter à l’infini et rechercher au xixe ou même avant les premières traces de la « destruction du sujet », prémices de la remise en cause de l’art. Reste que l’héritage de Dada, et notamment celui de Marcel Duchamp, innerve la création actuelle. Les performances d’aujourd’hui sont dans la continuité des spectacles loufoques de Tzara et Arp et les installations procèdent du même esprit que les assemblages ou photomontages.
Mais si Dada est entré dans l’histoire de l’art, les œuvres créées par les dadaïstes ont creusé un fossé d’incompréhension avec le public. Il faut bien admettre que la roue de bicyclette montée sur un tabouret de Duchamp ou les tableaux Mécanomorphes de Picabia suscitent une curiosité cérébrale mais pas vraiment une émotion esthétique. Et cela se comprend bien, si on se place du point de vue de la radicalité de Dada. D’une certaine façon si tout peut être art, rien n’est art.
Pourtant le surréalisme, l’un des avatars directs du mouvement plaît davantage au public. C’est qu’il a su traduire une intention conceptuelle, pour faire court, la représentation de l’inconscient, à l’aide des formes traditionnelles de l’art, une esthétique très léchée voire très académique. Qu’on aime ou n’aime pas, là n’est pas le débat, les toiles de Salvador Dalí ou René Magritte sont connues de tous et leurs reproductions lithographiques ornent de nombreux murs.
Aujourd’hui encore, on ne peut pas ne pas relever que les sculptures kitsch de Jeff Koons ou les tableaux figuratifs de l’école de Leipzig sont littéralement arrachés par les collectionneurs et les institutions muséales. La forme plastique des œuvres est la substance même de l’art.
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Dada et l’art contemporain
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°574 du 1 novembre 2005, avec le titre suivant : Dada et l’art contemporain