Fréquentation 2024. Les chiffres de la fréquentation annuelle sont devenus l’alpha et l’oméga de la mesure de la performance des musées, au grand dam de leurs directeurs qui se plaignent d’être réduits à cela.
Ce sont d’ailleurs souvent les mêmes qui critiquaient le Palmarès des musées que Le Journal des Arts a publié de 2004 à 2018 et qui s’appuyait pourtant sur 70 critères quantitatifs permettant de valoriser tous les aspects de leurs missions.
Ces chiffres non normalisés disent tout et leur contraire. Il suffit de lire les interprétations divergentes qu’en fait la presse. Certains musées comptabilisent les visites, d’autres les visiteurs (ce n’est pas la même chose). Quelques filous modifient les chiffres de 2023 pour lifter l’appréciation de la fréquentation 2024, oubliant de vérifier ce qu’ils avaient communiqué il y a un an. Aucun ne révèle le nombre d’entrées payantes, pourtant l’indicateur de performance le plus pertinent. Enfin plusieurs musées s’abstiennent de donner le moindre chiffre.
Le ministère de la Culture, qui réussit la prouesse chaque année d’indiquer dès le lendemain le (même) chiffre de fréquentation des Journées du patrimoine ou de la Nuit des musées, est incapable de rassembler les chiffres de la fréquentation gratuite et payante des 200 lieux patrimoniaux qui comptent en France.
Que retenir des chiffres de 2024 ? D’abord que l’intérêt du public pour les expositions ne se dément pas, pour peu que ces dernières soient séduisantes. Deuxième enseignement (du reste largement connu) : la fréquentation des musées – en dehors du Louvre et d’Orsay qui font partie du programme obligé des touristes – dépend beaucoup du succès des expositions. C’est très net à Paris, et cela l’est davantage en régions où la plupart des collections permanentes des musées sont encore trop peu visitées. Troisième enseignement : les grands sites patrimoniaux (châteaux, abbayes, monuments) sont de formidables locomotives touristiques. Or non seulement ces sites jouent sur leurs atouts historiques (bâtiment et jardin), mais ils mènent une programmation culturelle et artistique dynamique, notamment en art contemporain, au point de concurrencer les musées. C’est une chance pour le public, qui dispose ainsi d’une offre de plus en plus riche, mais une difficulté pour les musées (sans parler des Frac et centres d’art), qui doivent investir davantage dans la production et la promotion de leurs expositions pour résister à cette nouvelle concurrence.
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Course à l’audimat
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°647 du 17 janvier 2025, avec le titre suivant : Course à l’audimat