L’arrivée de la gauche au pouvoir va-t-elle modifier en profondeur la politique culturelle de la France ? Sans doute pas dans les faits. Alors que règne un consensus général sur l’importance de la culture, les contraintes budgétaires et le poids difficilement réductible des dépenses liées au patrimoine ne laissent pas beaucoup de marges de manœuvre dans les deux à trois ans qui viennent. François Hollande a annoncé un vaste plan pour l’éducation artistique. Mais si l’on veut vraiment sensibiliser tous les jeunes et pas simplement quelques filières littéraires, par ailleurs déjà bénéficiaires d’heures d’histoire de l’art, il faut modifier radicalement les rythmes scolaires, un sujet explosif socialement et donc politiquement. Mis à part pour quelques postes stratégiques, il n’y aura pas non plus de renouvellement important du personnel de la culture, qui vote traditionnellement à gauche. Les collectivités territoriales elles-mêmes, qui investissent dorénavant plus que l’État dans la Culture, sont depuis longtemps passées à gauche. Du côté du soutien à la création, on peut imaginer que quelques millions d’euros supplémentaires (pour un budget 2012 de moins de 70 millions d’euros) soient octroyés aux centres d’art ou aux résidences d’artistes, mais aucune loi ne pourra obliger les musées étrangers à exposer nos artistes ou contraindre les collectionneurs à acheter leurs œuvres.
Le changement viendra sans doute dans les symboles. À commencer par un ministre de la Culture « très politique », a lâché le nouveau président de la République, entendez un ministre qui maîtrise sa communication, qui sait s’entourer, qui saura gérer la renégociation délicate du régime des intermittents du spectacle et abroger le volet répressif de la loi Hadopi tout en protégeant la rémunération des créateurs. Pas facile. Bénéficiant d’un a-priori favorable dans le milieu culturel, François Hollande évitera soigneusement de dénigrer tel classique de la littérature française et affichera un intérêt bienveillant pour toutes les expressions artistiques. Dans la culture plus que partout ailleurs, les symboles comptent plus que les faits.
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Changement de symboles
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°369 du 11 mai 2012, avec le titre suivant : Changement de symboles