Ironie du sort, deux expositions aux antipodes – quoique – vont s’ouvrir quasiment au même moment : « Where are we going ? », un choix d’œuvres de la collection François Pinault, au Palazzo Grassi, à Venise le 30 avril, et « La force de l’art », au Grand Palais, à Paris le 9 mai. A priori, tout oppose les deux manifestations, si ce n’est le fait qu’elles se déroulent chacune dans un lieu prestigieux : l’une est une initiative privée, l’autre publique ; l’une est un événement mondain, l’autre se veut populaire ; l’une est organisée par une commissaire, l’autre par quinze… Mais, surtout, c’est leur finalité qui les différencie. Le Palazzo Grassi va dévoiler pour la première fois au public la collection de François Pinault, celle-là même qui devait s’installer dans l’écrin de Tadao Ando sur l’île Seguin, à Boulogne-Billancourt. La décision du milliardaire de renoncer à son musée avait été vécue comme un camouflet pour la scène artistique française. C’est précisément cette dernière qu’entend aujourd’hui défendre l’exposition « La force de l’art ». Annoncé par le Premier ministre en octobre, mené tambour battant depuis, ce projet a au moins battu un record avant même son ouverture : celui de sa rapidité d’exécution, que certains qualifient même de précipitation. Une réponse, certainement, à l’une des doléances de François Pinault, qui avait fustigé les « lenteurs administratives » pour expliquer son repli sur Venise. Alors que le milliardaire n’a nullement l’intention de faire la promotion des artistes français en Italie, l’ambition de « La force de l’art » est d’être une image de notre scène vue au travers du prisme de quinze commissaires. Cette « exposition d’expositions », selon la juste expression d’Éric Troncy, n’est pas un salon. Par conséquent, ceux qui n’y exposeront pas ne seront pas des refusés, même si certains ont eux-mêmes « refusé » d’en être. Il faut dire que, dans un contexte post-CPE et avec un Premier ministre au plus bas dans les sondages, « l’expo Villepin » n’arrive pas forcément au meilleur moment. En tout cas avec moins de sérénité que dans la Sérénissime…
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A chacun son palais
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°236 du 28 avril 2006, avec le titre suivant : A chacun son palais