Le premier artiste de la collection Pinault est bien François Pinault lui-même. Un artiste de la communication. Ainsi grâce à une très large couverture médiatique de son exposition du Palazzo Grassi à Venise, l’homme d’affaires va entrer dans l’histoire en tant que grand collectionneur d’art contemporain français. Les biographies lisses et oublieuses font l’impasse sur l’ascension du « petit entrepreneur breton » et applaudissent le nouveau Laurent de Médicis. Un plan de communi-
cation bien huilé qui actionne trois leviers.
François Pinault cultive le mystère, et ce faisant il crée une attente. Il donne peu d’interviews à la presse et on ne le voit jamais à la télévision. Il préfère laisser parler les autres, ouvrant le champ libre à toutes les fictions. Ainsi, la nature de sa collection d’art contemporain a agité le microcosme jusqu’à sa révélation lors de l’exposition de Venise.
En France, mieux vaut apparaître comme une victime que comme un entrepreneur conquérant. L’actualité le sert bien : en 2005 il doit se battre à la fois contre l’Amérique et la bureaucratie française. C’est l’affaire Executive Life où il se retrouve seul face à la justice californienne, et l’abandon du projet de musée privé sur l’île Seguin en raison de l’inertie de l’Administration. Deux affaires largement
relayées par les médias.
Enfin, le patron d’Artémis et de PPR est riche, très riche. Et quand on est fortuné, et que l’on est actionnaire de plusieurs journaux (Le Point, Le Monde), on sait s’entourer d’utiles collaborateurs, tel Jean-Jacques Aillagon, ancien ministre de la Culture. On a aussi beaucoup d’amis qui espèrent être récompensés de leur sollicitude et bonnes intentions à son égard.
Rencontré un jour, l’homme au regard bleu minéral, avait dit : « je ne lis jamais les critiques, je ne m’en porte que mieux. » Il peut lire en toute quiétude les papiers qui lui sont consacrés aujourd’hui. L’œil pour sa part, consacrera un article dans le prochain numéro à son exposition, après l’avoir visitée. Une exposition qui fait peu de place aux artistes français.
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Bonjour monsieur Bruyas
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°581 du 1 juin 2006, avec le titre suivant : Bonjour monsieur Bruyas