Dans le hall octogonal, les quatre saisons explosent ! Les plus vives couleurs d’un hiver blanc, d’un printemps vert tendre, d’un été émeraude et de l’automne roux se déclinent en une vaste séquence sur les toiles que David Hockney a peintes en 2007 et 2008.
Même trio d’arbres, même arrière-plan, identique tournant de la route, le paysage est cerné dans son essence. Le cycle du temps qui glisse semble d’autant plus éblouissant et irréversible qu’il s’appréhende d’un unique point de vue. L’artiste aime planter son chevalet à des endroits fixes, se caler face aux ondulations des collines et des champs, saisir les multiples jeux de contrastes dont se pare son Yorkshire natal en sachant qu’il reviendra sur ce lieu précis le lendemain et les jours suivants pour en capter les nuances les plus subtiles.
Après ces années passées en Californie, où le soleil ne génère « que des déplacements d’ombres », ici la campagne ne change pas et offre « la permanence des évolutions ». David Hockney retranscrit les harmonies de la nature par un surcroît de tons acidulés, saturés ou ardents selon les heures, reflétant les chocs chromatiques dont cette contrée est, selon lui, prodigue. Il ne les percevait pas voici trente ans. Le même principe de vision enclose dans un périmètre défini préside aux sept toiles consacrées aux bois de Woldgate. Par un effet de dégradés calculés, nous entrons pas à pas dans la futaie orangée, mauve, bleutée qui se prolonge jusqu’à la lointaine voûte de branches.
Pour traduire les éléments les plus immuables – haies, vallons, mares –, il a recours aux outils les plus modernes. Hier il envoyait ses images par fax, aujourd’hui il peint avec son iPad dont il maîtrise les secrets. Il branche aussi neuf caméras sur le motif qu’il recompose ensuite en un damier de vues s’animant par séries en une sorte de mouvement perpétuel. Il avoue peindre de plus en plus avec sa mémoire. La tablette numérique lui permet de travailler en direct puis d’agrandir plus tard dans son atelier le projet initial en lui donnant des dimensions supérieures. Il parvient ainsi à réaliser ces bigger pictures où l’arbre est roi. Sous ce nom et en grand format, il a conçu cette ode à sa terre et en traduit l’exubérance des sèves comme le déclin des écorces.
Royal Academy of Arts, Burlington House, Piccadilly, Londres (Royaume-Uni), www.royalacademy.org.uk
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David Hockney : big Yorkshire
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°644 du 1 mars 2012, avec le titre suivant : David Hockney : big Yorkshire