Apprivoiser l’artiste Georges Tony Stoll

Arpentant le « territoire de l’abstraction », comme il aime à le qualifier, Stoll sème des objets, des situations parfois banales photographiées avec la rudesse d’une lumière qui n’enjolive pas. Les hommes de ses images et de ses films sont saisis avec la même âpreté frontale. L’esthétique est « cash », sans fioritures mais ne se donne pas facilement. C’est toute la beauté de la chose. Lorsque cinq hommes jouent dans son dernier film, Mon chef-d’œuvre, mettant en scène une architecture dorée récurrente dans son corpus, leurs gestes sont lents, cryptés, comme engoncés.

La finalité de la célébration reste en revanche absconse, il faudra procéder par association d’idées. L’art de Georges Tony Stoll est ainsi, il doit s’apprivoiser. Jean-Marc Avrilla, commissaire invité par La Galerie de Noisy-le-Sec, a choisi d’offrir une relecture avec un choix parcimonieux et mesuré d’œuvres pour ne pas noyer le visiteur. « Je cherche la sensation de l’invisible sans vouloir le représenter… Ce que je vois, c’est ce que je ne peux pas voir. » Il y a comme une sagesse dans les mots de Stoll, la voie d’une méditation de l’art offerte au détour d’une image ou d’une forme. Il faut juste ne pas se laisser intimider par ce qui nous échappe. Apprivoiser l’incertitude.