« Ne plus dessiner ». La rupture a fait date et légende dans le parcours de Martin Szekely. C’était autour de 1996, alors que le designer s’attelait à une commande pour le verre Perrier.
En avait résulté une icône du design, cône tronqué posé sur une base circulaire assez épaisse pour assurer une solide assise et une bonne appréhension, et assez évasé pour contenir les millilitres prévus. L’engagement pris dès lors, et tenu jusqu’ici, voulait en finir avec la subjectivité, la narration et l’imagination créatrice. Ne plus dessiner, argumente désormais Szekely, c’est s’en tenir aux « pierre dures » du design, à savoir « l’intitulé du projet, sa dimension culturelle, les modalités de sa réalisation qui comprennent bien évidemment le choix du matériau et enfin sa destination contextuelle, le lieu et surtout les gens à qui est destiné le projet ».
À Beaubourg, la petite rétrospective en forme de manifeste prend sobrement acte de ce design synthétique défini au ras de la fonction et de l’usage. Le tout, servi sans hiérarchie. Chaque support, chaque contenant, table, mobilier urbain, dégraissé jusqu’à l’os semble en avoir fini avec le désir du designer. À l’image des fameuses Étagères T (2005), structures irréductibles au bord de l’effacement. « Aucune pièce ne domine », commente Szekely. À l’exception de Pi (1983), célèbre chaise longue à forme graphique calée sur l’épure de la lettre. Une chaise toute d’acier et d’aluminium laqué, qui semble se poser là, un poil insolente et historicisée, comme un contrepoint à la sèche éthique adoptée depuis quinze ans par Szekely.
« Martin Szekely. Ne plus dessiner »
Centre Georges Pompidou,
place Georges-Pompidou, Paris-4e, jusqu’au 2 janvier 2012
« Units »
, Galerie Kréo, 31, rue Dauphine, Paris-6e, jusqu ’au 23 décembre 2011.
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
Irréductible Martin Szekely
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°641 du 1 décembre 2011, avec le titre suivant : Irréductible Martin Szekely