Printemps 1832, Eugène Delacroix débarque à Tanger. Fasciné à la vue des habitants revêtus de leur djellaba, il s’exclame : « Rome n’est plus dans Rome ! »
La formule en dit long de la fin d’un modèle, celui de l’Antiquité, et de sa substitution par un autre, celui de l’orientalisme. Tout au long du XIXe siècle, voire jusque dans les années 1920, ce dernier exerça sur les artistes une irrésistible attraction et connut un véritable âge d’or. Stimulé par la campagne d’Égypte, l’orientalisme ne devait pas seulement faire rêver, il allait transformer en Europe une bonne part de l’iconographie antique sur laquelle s’appuyaient l’enseignement et la pratique artistiques.
De Delacroix à Matisse, en passant par Ingres, Moreau, Kandinsky et Paul Klee, la figure de l’odalisque remplaça celle du nu féminin allongé et l’aspect de porcelaine du modèle antique par une troublante sensualité à fleur de peau. Impatients de renouveler leur palette, les artistes empruntèrent au monde oriental ses couleurs flamboyantes, ses fulgurances chromatiques et ses excès décoratifs, notamment floraux. À la douce et subtile lumière d’Europe succéda la puissance lumineuse, voire aveuglante, des éclats du soleil méditerranéen.
L’exposition marseillaise est ainsi l’occasion de prendre toute la mesure du phénomène orientaliste, tant artistique qu’ethnographique, qui s’empara de l’Europe en ces temps de révolution industrielle. C’est dire le rôle déterminant qu’a joué l’orientalisme dans la constitution du concept de modernité.
« L’orientalisme en Europe : de Delacroix à Matisse », Centre de la Vieille Charité, 2, rue de la Charité, Marseille (13), www.rmn.fr, jusqu’au 28 août 2011.
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
L’orientalisme vu de Marseille
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°635 du 1 mai 2011, avec le titre suivant : L’orientalisme vu de Marseille