En 1982, Mona Hatoum, jeune artiste de 30 ans, voix douce et visage de médaille, passe sept heures nue dans un cube transparent rempli de boue liquide.
La performance, Under Siege, éprouvante, physique, la place à la fois dedans et dehors. Souffrante et à distance. En rage et impuissante. La performance est à lire en écho avec une trajectoire personnelle brutale marquée par la séparation et l’exil, sa conscience ininterrompue et l’exigence d’une réinvention à chaque nouvelle étape.
Palestinienne d’origine, née à Beyrouth, la jeune femme laisse la guerre et sa famille derrière elle en 1975. Vancouver, Londres où elle se forme, puis suspension entre Londres et Berlin. Dans les années 1990, alors qu’elle consolide sa place sur la scène internationale, le corps se retire progressivement et l’œuvre glisse vers un vocabulaire sculptural, jouant avec la rhétorique minimaliste qu’elle charge de violence politique et sociale.
La tension demeure plus que jamais, étendue à un propos plus pessimiste parce qu’universel. Altérations d’échelles, cube scandé de fils de fer barbelés, menaces électriques, boules de Noël en grenades, ustensiles domestiques rendus inquiétants, chaque objet-sculpture tonne comme une démonstration d’aliénation.
Au Mac/Val, ce sont des balançoires qui raconteront les trajectoires multiples d’habitants de Vitry-sur-Seine. Une humanité suspendue et enchaînée. On ne se refait pas.
« Suspendu », une création de Mona Hatoum au Mac/Val, à Vitry-sur-Seine (94), à partir du 6 mai 2010.
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Mona Hatoum - En terre étrangère
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D’origine palestinienne, naît à Beyrouth (Liban).
1975
Exil à Londres.
Années 1980
Vidéos et performances
à caractère politique et contestataire.
1994
Exposition au Centre Pompidou.
2002
Documenta
à Cassel.
2009
Biennale
de Venise.
2010
Exposition
à la galerie Chantal Crousel.
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°624 du 1 mai 2010, avec le titre suivant : Mona Hatoum - En terre étrangère