Le projet était ambitieux. Le résultat demeure totalement abscons. Pour sa troisième exposition d’anthropologie, le musée du Quai Branly a confié à Philippe Descola, ancien élève de Claude Levi-Strauss et aujourd’hui titulaire de la chaire d’anthropologie de la nature au Collège de France, le soin de « donner à voir ce qui ne se voit pas d’emblée dans une image ».
Intitulée de manière inappropriée « La Fabrique des images » – qui sous-entend une explication technique qui n’est pourtant pas le sujet –, l’exposition tente de décrypter la conception intellectuelle qui prévaut dans la création artistique. La démonstration s’appuie sur quelque cent soixante objets puisés à la fois dans les références de l’art occidental mais aussi de l’art non-occidental.
De nombreuses œuvres du musée du Louvre, tels l’Autoportrait de Jean Fouquet ou La Leçon de lecture de Gérard ter Borch, ont ainsi été convoquées pour participer à cette confrontation.
Dans son propos, Philippe Descola identifie quatre grandes visions du monde qui ont présidé à la création des images : animisme, naturalisme, totémisme, naturalisme et analogisme. Les figurines animales inuit en ivoire illustrent ainsi les conceptions animistes, qui confèrent une âme aux bêtes et aux plantes. Paysages, portraits et scènes de genre de la peinture flamande sont sollicités pour évoquer le naturalisme qui régit l’art occidental depuis le xve siècle.
Les peintures aborigènes ont été retenues pour représenter le totémisme alors que l’analogisme est représenté par des productions africaines ou orientales. Autant d’œuvres qu’il est toujours plaisant de découvrir ou redécouvrir mais qui, réunies ainsi, forment un propos très érudit et difficilement intelligible pour le non-initié.
L’exposition « La Fabrique des images » risque d’avoir du mal à séduire des visiteurs inévitablement désarçonnés par la complexité d’un propos plus livresque – étrange paradoxe – que visuel.
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La fabrique de la… complexité
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Abonnez-vous dès 1 €« La Fabrique des images »,
musée du Quai Branly, mezzanine ouest, 37, quai Branly, Paris VIIe, www.quaibranly.fr, jusqu’au 17 juillet 2010.
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°623 du 1 avril 2010, avec le titre suivant : La fabrique de la… complexité