De tous les artistes américains regroupés sous le vocable du Land Art, Dennis Oppenheim occupe une place marginale quoique essentielle.
A première vue, son art ne diffère guère de celui de Michael Heizer, Robert Smithson ou Walter De Maria. On y retrouve la même volonté de dépasser l’art minimal, la même envie de produire des sculptures inorganiques, la même obsession vis-à-vis des sites et des cartes. Mais à y regarder de plus près, les interventions qu’il réalise dès la fin des années 60 possèdent plusieurs particularités sans véritables équivalents.
Certes, comme ses amis, Dennis Oppenheim constate la disparition d’une certaine forme d’art et cherche, lui aussi, à aller au bout de ce paradoxe, à travers des interventions qui n’ont plus rien de spécifiquement artistique. Ses premières œuvres tentent alors de créer un rapport dynamique au site. Ainsi, Time Pocket (1968) consiste en une ligne tracée dans la neige à la frontière entre le Canada et les Etats-Unis. Suivant ses méandres, celle-ci se trouve donc dans l’un ou l’autre pays, tous deux séparés par un créneau horaire d’une heure. Il ne s’agit en aucun cas de créer des objets qui résistent au temps mais bien d’inscrire dans le paysage, souvent sauvage mais parfois urbain, toute une série de signes éphémères qu’il documente ensuite par des photographies, des films ou des maquettes.
L’actuelle rétrospective, l’une des plus complètes à ce jour, démontre donc que la pratique de Dennis Oppenheim repose sur une certaine absence : absence de l’œuvre (désormais détruite), absence de la dimension de représentation (ses interventions refusent toute narration), absence enfin de toute possibilité d’expérimentation. Ce ne sont que quelques documents, quelques arrêts sur des images pourtant si justes dans leur pouvoir de nous montrer un monde encore enchanté.
AIX-LA-CHAPELLE, Ludwig Forum, Julicher Strabe 97-109, tél. 00 0241 1807 103. 15 juin-30 juillet.
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Oppenheim ou l’art de l’éphémère
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°527 du 1 juin 2001, avec le titre suivant : Oppenheim ou l’art de l’éphémère