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Fontcuberta, fictions improbables

Par Philippe Piguet · L'ŒIL

Le 1 avril 2002 - 245 mots

Au jeu du vrai et du faux, Joan Fontcuberta n’a pas son pareil et l’artiste qui se plaît à inventer les situations les plus incongrues est passé maître dans l’art de créer les fictions les plus improbables.

Son œuvre, fondée pour l’essentiel sur la pratique du montage photographique, s’amuse à démonter les mécanismes de codification ordinairement en usage pour servir à la représentation du réel. Ainsi de cet étrange animal, le Cocatrix, inventé de toutes pièces et présenté par l’artiste au château d’Oiron comme « un hybride ectromélien à alternance dégénérative asymétrique ».

Les deux nouvelles séries de photographies que l’on peut voir chez Nathalie Parienté, Sémiopolis et Orogénèse, procèdent de manipulations de traitement de l’image et de détournements de logiciels militaires qui nourrissent l’œuvre de Fontcuberta de surprenants « paysages encryptés ». La première recourt à de célèbres morceaux de littérature dans leur version braille pour instruire d’impressionnantes vues irréelles sur fond d’horizons noirs, quasi aveugles ; la seconde, qui croise données identitaires de l’artiste et programme de modélisation d’un territoire, révèle d’impressionnants plans reliefs appartenant à un autre âge, voire à une autre galaxie.

Entre science-fiction et prouesse virtuelle, les nouvelles images de Joan Fontcuberta déterminent un « ailleurs » qui s’impose au regard comme le lieu métaphorique d’une réflexion sur le regard, la vue, la nature, dans un processus inverse à la pratique de décryptage.

PARIS, galerie Nathalie Parienté, 14-16, rue de Thorigny, tél. 01 40 27 08 82, 7 mars-20 avril.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°535 du 1 avril 2002, avec le titre suivant : Fontcuberta, fictions improbables

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