Construit dans une boucle de l’Isle, à proximité de la « tour » de Vésone, ancienne cella circulaire d’un temple gallo-romain, le tout nouveau musée de site de Périgueux, conçu par Jean Nouvel, mise sur la discrétion. Soucieux de la qualité d’intégration de ses réalisations dans leur environnement, l’architecte – très courtisé dans le domaine muséal – s’est joué du paysage pour occulter les bâtiments gênants, démolissant les anciennes casernes qui encombraient le terrain, dissimulant sa construction de la rue par un écran végétal et un haut mur de béton, tournant le dos à la ville moderne pour mieux dialoguer avec l’ancien rempart du Bas Empire, colonisé par l’habitat dès le Moyen Âge. Dressé face à lui de l’autre côté de la voie ferrée, ce dernier se reflète dans les parois de verre du bâtiment, dans un jeu de transparence auquel Nouvel nous avait déjà habitués. Bâtiment ?
Le terme semble impropre, tant l’intervention joue la carte de la dématérialisation. Le grand préau de neuf mètres de hauteur, qui recouvre l’intégralité de la domus gallo-romaine des Bouquets, découverte à la fin des années 1950, n’est là que pour « protéger et révéler ». Fermé sur trois de ses côtés par des parois de verre constituées de modules suspendus, l’ensemble est contreventé par le « mur-épais » de béton, seule façade opaque fermant la vue sur le flanc occidental du site, et dans lequel ont pu être glissés gaines, services et espaces d’accueil. La grande couverture – dont la sous-face reproduit le plan de la domus – déborde largement pour prendre sous son aile, dans un étonnant rapport d’échelle, un petit pavillon de calcaire clair, curieuse maison à la coursive extérieure en bois portée par des colonnes antiques de remploi.
Elle abrite désormais les bureaux de la conservation, dans l’attente de la construction d’un bâtiment plus vaste, dont on discute encore de la difficulté d’insertion dans le site… Erreur de programmation : le musée n’a pas été doté d’espaces de bureaux, de salles destinées à l’accueil d’ateliers pédagogiques ou d’expositions temporaires, en somme, de tout ce qui permet de faire vivre un musée dans la durée… Car qu’y a-t-il à voir dans cet élégant emballage ? Un site archéologique comme il en existe tant d’autres en France, vaste résidence urbaine transformée à plusieurs reprises du Ier au IIIe siècle, mais encore ornée sur près d’un mètre de hauteur de vestiges de peintures murales.
Le parcours du musée conjugue découverte de la villa – sur des platelages de bois suspendus – et parcours thématique. Plus de cinq millions d’euros ont été consacrés à cette mise en valeur d’un site qui s’était longtemps contenté de baraques en tôle. Un luxueux écrin pour une archéologie souvent plus indigente.
PÉRIGUEUX (24), Musée gallo-romain, parc de Vésone, 20 rue du 26e RI, tél. 05 53 53 00 92.
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Un luxueux écrin
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°554 du 1 janvier 2004, avec le titre suivant : Un luxueux écrin