Henri Laurens (1885-1954) est une personnalité à part dans l’histoire du cubisme. Moins célèbre que Picasso, Braque, Gris ou Léger, il n’en est pas moins un acteur important, dans le domaine de la sculpture. L’idée d’Anisabelle Bérès était en premier lieu de monter une exposition autour de ses nombreuses œuvres sur papier. Puis l’envie de parcourir l’ensemble de sa carrière s’est imposée, et près de cent quatre-vingts pièces – sculptures, livres illustrés, collages, dessins, gouaches, aquarelles et gravures – sont réunies dans les deux espaces de la galerie. Peu d’expositions ont été consacrées à Laurens jusqu’ici. Mise en valeur lors de la donation de son fils au Musée national d’art moderne en 1967 – complétée par un important don de son marchand Kahnweiler –, son œuvre a ensuite été partiellement montrée lors d’expositions en 1985 à Paris à l’occasion du centième anniversaire de sa naissance, en 1989 à Barcelone et en 1990 au château de Biron. Reconnu d’abord à l’étranger, Laurens est apprécié de son vivant, nouant de vraies amitiés avec d’autres artistes, Braque, Picasso, mais aussi Matisse. Certaines gouaches de Laurens – Sirènes, 1937 – peuvent d’ailleurs évoquer les papiers découpés de Matisse, dans leur épure, l’harmonie de la composition, les aplats colorés. Henri Laurens ne s’intéresse pas à la peinture, son travail est entièrement voué à la sculpture, même au travers de ses dessins, le plus souvent réalisés dans l’optique d’une œuvre en trois dimensions. Il découvre le cubisme en 1908 à la Ruche, en médite les leçons pour parvenir à apporter en sculpture autant de renouveau que Braque et Picasso en peinture. Après guerre, Laurens ne cède pas au mouvement général du « retour à l’ordre » en poursuivant des recherches innovantes. Ses formes se font plus arrondies, plus harmonieuses, donnant à certaines compositions – notamment au cours des années 1930 – un caractère surréaliste (les gouaches rouges), sans que l’on puisse pour autant rattacher l’artiste à ce mouvement. En rendant compte de cette constante évolution, l’exposition offre le panorama le plus complet qui soit sur l’œuvre féconde de cette figure encore très secrète de l’art moderne.
« Henri Laurens », PARIS, 25 quai Voltaire, tél. 01 42 61 27 91 et 35 rue de Beaune, VIIe, tél. 0149 27 94 11, 20 octobre-5 janvier 2005.
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Henri Laurens, une œuvre secrète
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°562 du 1 octobre 2004, avec le titre suivant : Henri Laurens, une œuvre secrète