Retour (perdant) sur « Mulholland Drive »

Partant de cette constatation, Nicolas Bourriaud, à la tête du Moco (le centre d’art contemporain de Montpellier qui ouvrira en 2019), a l’heureuse idée de proposer, dans cette ancienne faculté de pharmacie réhabilitée qu’est La Panacée, une exposition collective librement inspirée de Mulholland Drive. Réunissant vingt-quatre plasticiens internationaux, et non des moindres (Wendy Jacob, Ugo Rondinone, Morgane Tschiember…), cette manifestation vise, selon l’organisateur, « à révéler une tendance émergente de l’art contemporain : le “minimalisme fantastique” ou comment créer une “inquiétante étrangeté” à partir de formes minimalistes. » Si l’intention de départ est bonne – ne pas montrer des artistes qui auraient un rapport trop littéral avec le « Lynchland » –, il faut tout de même avouer que, à l’exception de quelques plasticiens (Berrada, Gozard, Loboda, Pitoiset), dont la référence à la ville labyrinthique, à la pellicule fantomatique ainsi qu’à l’objet hybride est effectivement proche d’un Lynch, maintes propositions, tels que les dessins muraux de l’Espagnole Saelia Aparicio bien plus daliniens que lynchiens, semblent assez à côté de la plaque. Autres écueils, Hollywood comme usine à rêves, élément moteur de Mulholland Drive, est quasiment absente ici, et le parcours ne propose aucun élément sonore alors que la puissance sensorielle hypnotique du cinéma de Lynch vient non seulement de l’image, mais aussi de la musique.