Regards sur un passé en mouvement

Les sœurs Smith firent don à l’État, dans les années 1930, de leur propriété, deux vastes maisons bourgeoises du XVIIIe siècle entourées d’un parc de dix hectares, afin que des artistes puissent y être accueillis et soutenus. Une photographie argentique d’Anne-Lise Broyer (née en 1975 en France) prise à l’occasion d’une visite dans la bibliothèque au moment de son exposition « Lieux-Dits » (2007), alors qu’elle découvre à travers un emballage de papier bulle le visage de Jeanne Smith peint par sa sœur Madeleine Smith-Champion, cristallise un regard hors temps. Produit pour l’exposition « À l’étage » (2011), le film de Jessica Warboys (née en 1977 en Grande-Bretagne) dévoile progressivement la bibliothèque et ses innombrables livres, papiers jaunis et photographies, avec une attention particulière portée aux photographies exhumées du Studio rythme et couleur créé par Hélène Vanel (1898-1989), artiste et danseuse qui fut très proche des surréalistes. Une branche morte tombée d’un arbre du parc de la Maison d’art, filmée par Natascha Sadr Haghighian (née en 1953 en Iran), s’anime en de chimériques frémissements, tel un oiseau mort vibrant des minuscules mouvements provoqués par les asticots qui le dévorent. Ainsi, des regards se superposent à d’autres regards. Des appropriations par les artistes (ils sont seize) des mémoires et des territoires de la Maba émergent d’autres desseins face à un réel en constant mouvement.