Au cœur de l’univers Jodorowsky

Né en 1929 au Chili, Alejandro Jodorowsky, qui conçoit la poésie comme l’art anticommercial par excellence pouvant combattre la vulgarité du monde capitaliste, bénéficie d’une rétrospective majeure, la première au monde, au CAPC de Bordeaux. Occupant toute la nef du musée, l’exposition, divisée en onze espaces inspirés chacun par une carte du tarot de Marseille (l’artiste est féru de tarologie), est une invitation à pénétrer dans l’univers carnavalesque de Jodorowsky, croisant bande dessinée, cinéma, performance et mysticisme. Les jalons importants de ce scénariste surréaliste sont mentionnés : ses films légendaires (El Topo, La Montagne sacrée) côtoient sa participation au mouvement Panique avec Topor et Arrabal, son adaptation cinématographique impossible de Dune, qui aurait dû réunir en 1975 Dalí, Orson Welles et Mick Jagger, ainsi que sa BD culte, L’Incal, avec le dessinateur Mœbius. Mais cette expo-somme, qui couvre tout le spectre de la créativité débridée de ce génial touche-à-tout, n’oublie pas de s’aventurer dans des contrées moins connues : ainsi, on découvre que Jodorowsky a collaboré à ses débuts avec le mime Marceau avant de devenir un homme de théâtre d’avant-garde important au Mexique dans les années 1960. Puis, tout dernièrement, on apprend que ce créateur prolifique, qui a passé sa vie à donner forme à sa pensée ésotérique pour la faire partager, est devenu un… « tweetaddict » pouvant se prévaloir d’être l’auteur de plus de 6 000 tweets de sagesse. « Jodo », jeune homme de 85 ans, est assurément dans l’air du temps !