C’est aussi un rapport à l’intimité qui se joue chez Miller, mais d’une autre nature : l’artiste américain dont on voit assez régulièrement le travail à Paris fait l’objet d’un site monographique comme il en est peu.
Sur [www.stevemiller.com], on trouve bien sûr les renseignements convenus, ses galeries et ses expositions – jusqu’à sa bibliographie détaillée, ainsi que des reproductions d’œuvres en bon nombre. On reconnaît bientôt le travail de peinture de Miller, conçu à partir d’une imagerie médicale ou de clichés aux rayons X. En plus de l’intimité de l’autoportrait ou des images saisies par radioscopie à des objets familiers – chaussures ou sac de la mère de l’artiste, par exemple –, Miller surenchérit. Il ouvre au monde la porte de son intérieur : il invite à une visite « en ligne » de son atelier. L’endroit, situé à Long Island, pas bien loin de New York, qui en un autre temps fut occupé par Frank Stella, est accessible en quelques clics. La pièce de travail, le living room et la terrasse sont vus au gré d’un regard circulaire à 360 degrés et plus. Du milieu de chacune des pièces en effet, une caméra a enregistré le décor. Le principe de circulation est plutôt convaincant : le regard circulaire, qui donnera le tournis à qui laissera le doigt sur sa souris, permet de découvrir le cadre de vie de l’artiste, son espace familier et bon nombre d’œuvres : celles peintes par Miller lui-même, mais aussi celles avec lesquelles il vit. Le pointeur change d’aspect quand il rencontre une zone sensible. Alors, d’un clic, l’élément du décor s’affiche agrandi et légendé : il y a là plusieurs Steve Miller, accrochés en particulier dans l’espace de l’atelier de travail. Mais on trouve aussi deux sculptures en tôle froissée de John Chamberlain, un Jeff Koons ironiquement publicitaire, deux Marilyn Minter sur plaques émaillées de 1990 qui voisinent avec une assiette peinte de Mary Heilman. L’iconographie du tableau de Jack Bilbo de 1945 est étonnante, entre comic strip et surréalisme. Mieux qu’une visite d’atelier, une partie du musée imaginaire de l’artiste se donne en accès – presque – direct : un monde intérieur, là encore, qui cependant travaille cette fois au profit de l’image – voire de l’image de marque – de l’artiste bien plus que de son imaginaire.
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°504 du 1 mars 1999, avec le titre suivant : www.stevemiller.com