Signée par Éric Troncy, la biographie de Claude Lévêque est le dernier-né de la collection « Monographies d’artistes contemporains », éditée par Hazan en partenariat avec les ministères de la Culture et des Affaires étrangères. Servi par une connaissance intime de l’œuvre de l’artiste, l’auteur livre à travers une écriture subjective un texte à vocation historique.
“On peut vraiment parler, au sujet de cet artiste, d’un ‘art live’, qui, ayant voulu faire disparaître les objets tout autant que les images, s’est cristallisé dans cette forme singulière. La décharge d’énergie de ses œuvres, leur capacité à passer soudainement de la brutalité à la douceur, leur potentiel d’énergie continuellement libéré ne peuvent se comparer qu’avec la puissance live du concert.” Évidente pour quiconque a expérimenté les récentes œuvres de Claude Lévêque, la remarque d’Éric Troncy pointe la difficulté à rendre compte des interventions de l’artiste. L’écrit n’évite pas cet écueil, mais le critique semble avoir surmonté le problème en optant pour un texte plus proche du récit que de la description. Pour ce faire, il ne s’interdit d’ailleurs pas de prendre les poses les plus sombres de la presse rock : “Claude Lévêque est né en 1953 à Nevers, dans la Nièvre, une petite ville d’obédience socialiste – Pierre Beregovoy y fut maire de 1983 jusqu’au 1er mai 1993 où il décida de s’y donner la mort, d’un coup de pistolet, sur les bords du canal.” Partageant la même culture que l’artiste, Éric Troncy porte également aux nues “les années Palace” des “‘jeunes gens modernes’, la new-wave française, ‘lookée’ par Serge Krüger, ‘designée’ par les graphistes de Bazooka”... Un univers où l’artiste “puise ses influences, cadre son approche visuelle des choses”. Pour renchérir, on pourra toujours prétexter que Claude Lévêque a mieux vieilli que d’anciens punks reconvertis en musiciens de studio.
Au côté d’une riche iconographie, dont il faut souligner une fois de plus la stricte valeur documentaire, c’est donc de façon assez libre, quoique particulièrement attachée à la chronologie, qu’Éric Troncy rend compte d’une œuvre entamée au début des années 1980. Cette décennie, qui, à l’image de Grand Hôtel, une installation montrée en 1982 à la Maison des arts de Créteil, contient en “substance, comme un ensemble de venins”, les préoccupations futures de l’artiste. Aidé par son expérience de décorateur, Claude Lévêque déploie alors sur un autel une imagerie empruntant autant aux photos souvenirs qu’aux performances de Michel Journiac. D’une précision historique sur cette période, le texte, pressé par son format, passe malheureusement beaucoup plus vite sur les travaux récents de Lévêque, placés avec profit dans le prolongement de l’Art corporel. Ces œuvres, qui traitent le visiteur comme “un récepteur privilégié”, apparaissent pourtant, à l’image de l’autoportrait Claude, comme des chocs à l’impact sans cesse renouvelé. Une gageure pour un travail, qui “n’a eu de cesse, depuis vingt ans, de pulvériser les normes pour éclairer l’altérité”.
- Éric Troncy, Claude Lévêque, éditions Hazan, 2001, 112 p. (bilingue), 120 F, ISBN 2-85025-755-9
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Un jeune toujours moderne
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°128 du 25 mai 2001, avec le titre suivant : Un jeune toujours moderne