« Il ne reste aujourd’hui personne qui ait connu Isidor Schweig. Excepté moi, car c’est moi Viktor Emanuel Wagfall qui me nommais ainsi il y a bien longtemps. »
Dès la première phrase, nous sommes pris dans des sables mouvants, aspirés de l’autre côté du miroir, où tout bascule. Enfant, Viktor Emanuel, ployant sous le poids d’un prénom qui, en Allemagne, est celui d’un roi ennemi, étouffé par les attentes, trop pesantes, de sa famille, découvre la peinture avec passion, sombre « corps et âme dans [ce] monde coloré aux odeurs enivrantes » et cultive dès lors son talent de copiste, en s’inventant un nouveau nom. Un jour, il se retrouve à Paris, sous l’Occupation, et sa vie bascule : pris dans le tourbillon des spoliations des œuvres des juifs par les nazis, il devient faussaire. Personne, pas même celle qui deviendra sa femme, ne connaît sa double vie – sinon sa fille Karolin, lorsqu’elle découvre ses carnets après sa mort. En alternant avec brio les voix d’Isidor/Viktor et celle de Karolin, Bettina Wohlfarth – journaliste freelance née en Allemagne, vivant à Paris, spécialisée dans le marché de l’art – n’a de cesse de troubler son lecteur, l’inquiéter, l’interroger. Tout en nous plongeant dans le monde de l’art des années 1930-1940, ce récit à deux voix nous interpelle : qu’est-ce qui fait la différence entre un faussaire de talent et un peintre de génie ? Palpitant et labyrinthique, cet ouvrage paru en Allemagne en 2019 a été distingué comme meilleur premier roman allemand au Festival de Chambéry. Avec raison.
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Un faussaire sous l’Occupation
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°769 du 1 novembre 2023, avec le titre suivant : Un faussaire sous l’Occupation