Rattrapage

Trésors inédits du Bangladesh

Par Daphné Bétard · Le Journal des Arts

Le 15 janvier 2008 - 448 mots

Les chefs-d’œuvre du patrimoine bangladais sont réunis dans un ouvrage richement illustré qui évoque également l’histoire du pays

Malgré l’annulation de l’exposition des chefs-d’œuvre des musées du Bangladesh prévue au Musée Guimet (lire p. 5), les éditions de la Réunion des musées nationaux (RMN) ont décidé de maintenir la publication du catalogue qui devait l’accompagner. L’entreprise est une réussite et va bien au-delà, comme le veut aujourd’hui l’usage, du simple catalogue d’exposition. Véritable synthèse historique et artistique, l’ouvrage retrace les différentes étapes de construction du pays, s’intéresse aux grandes religions qui l’ont façonné et à ses principaux sites archéologiques, avant de dresser l’inventaire des œuvres qui auraient dû être présentées à Paris. Mis à part les nombreuses catastrophes naturelles dont il est régulièrement victime, le Bangladesh reste largement méconnu du public occidental. Pourtant, il compte « une trentaine de musées abritant des collections extrêmement riches et d’innombrables sites archéologiques dont deux (Paharpur et Bagherat) figurent sur la liste du patrimoine mondial dressée par l’Unesco », rappelle en préambule Vincent Lefèvre, conservateur au Musée Guimet, directeur du catalogue avec Marie-Françoise Boussac, professeure des universités HiSoMA-Maison de l’Orient et de la Méditerranée, à Lyon.

Partie orientale du Bengale, le Bangladesh appartient à l’histoire globale du nord-est du sous-continent indien, tandis que plusieurs régions se sont développées en son sein, chacune avec sa propre culture. Le bouddhisme, l’hindouisme et le jaïnisme y ont laissé leurs empreintes, mais c’est l’islam, apparu au XIIIe siècle, qui est devenu largement majoritaire (90 % de la population aujourd’hui). À la fois bengali et musulman, le Bangladesh s’est construit sur cette double identité, assumant pleinement son passé hindou et bouddhiste.

Des temples et monastères du Bangladesh, construits majoritairement en brique (un matériau très fragile), ne restent que de rares vestiges. C’est donc essentiellement à la sculpture et à l’ornementation architecturale que se consacrent les notices détaillées de la présente étude. On y découvre les fleurons du patrimoine bangladais, comme ce Vajrasattva en bronze (IXe-Xe siècle) découvert en 1995 sur le site du monastère de Bhoja Vihara, construit sous les dynasties Khadga et Deva au cours des VIIe et VIIIe siècles. Facilement identifiable, ce bodhisattva était installé sur un piédestal de brique dans la chapelle principale du monastère. Les nombreuses photographies réalisées sur place par Thierry Ollivier constituent un précieux témoignage du patrimoine bangladais, particulièrement en ce qui concerne les deux petites statues en terre cuite figurant Vishnu (no 19 et 20 du catalogue), détruites en décembre dernier et ayant servi d’ultime prétexte à l’annulation de cette exposition très attendue.

Vincent Lefèvre et Marie-Françoise Boussac, (sous la dir.), Chefs-d’œuvre du delta du Gange, collections des musées du Bangladesh, éd. RMN, Paris, 310 p., 49 euros, ISBN 978-2-7118-5282-6.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°273 du 18 janvier 2008, avec le titre suivant : Trésors inédits du Bangladesh

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