Modigliani, La Jeune Fille à la perle ou Toulouse-Lautrec pour le cinéma, Attention peinture fraîche, sur la vie de Frida Kahlo, et Camille C., un trio imaginé entre Auguste Rodin, Camille et Paul Claudel, pour le théâtre : les biographies d’artistes sont du pain bénit pour les scénaristes en manque d’imagination. Plutôt inspiré, Mon Vieux Vilbure a pour héros Georges Braque, inventeur du cubisme avec Pablo Picasso. Pourtant, rappelle Harry Bellet dans la préface au texte, Braque est « un artiste dont la biographie est des plus plates qui soit. Rien chez Braque des saillies de Picasso, du destin flamboyant mais bref d’un Modigliani ou d’un Pollock. Ni comédie, ni tragédie ».
Pour contourner l’écueil de l’hagiographie, Yves Chevallier a eu recours à la prosopopée – ou art de faire parler les absents. À l’image d’un collage cubiste, son texte est constitué d’emprunts à des auteurs et poètes qui ont su décrire l’œuvre du maître : Jean Paulhan, Francis Ponge, Louis Aragon ou Pierre Reverdy. La mise en scène est alerte, les temps morts sont rares, et le duo d’acteurs s’en donne à cœur joie. Marc-Henri Boisse et Michel Sigalla entraînent le public dans leurs jeux, le premier prenant ainsi la voix nasillarde, sur un ton allegro vivace, d’un journaliste de la revue Je sais tout venu interroger le marchand de tableaux Daniel-Henri Kahnweiler sur l’avant-garde cubiste. André Malraux fait également une apparition remarquée, avec son éloge funèbre du peintre décédé en 1963. Cette performance est un aussi hommage à Ossip Zadkine, puisqu’elle se tient dans l’atelier fraîchement rénové du sculpteur en face du jardin du Luxembourg. La pièce, quant à elle, a été représentée plus d’une quarantaine de fois à travers la France depuis sa création en janvier 2004, au Rayon Vert, la scène conventionnée de Saint-Valéry-en-Caux (Haute-Normandie).
- MON VIEUX VILBURE, L’ATELIER BRAQUE, jusqu’au 26 avril, texte et mise en scène Yves Chevallier, Musée Zadkine, 100 bis, rue d’Assas, 75006 Paris, tél. 01 55 42 77 20, le mercredi 11 heures et 15 heures, le samedi 14 heures et 16 h 30 et le dimanche 15 heures et 18 heures ; relâche les 15 et 16 avril. Texte édité aux Éditions de l’Amandier.
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
Secrets d’atelier
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°233 du 17 mars 2006, avec le titre suivant : Secrets d’atelier