Revoir l'art roman

Par Virginie Duchesne · L'ŒIL

Le 22 janvier 2015 - 248 mots

ÉTUDE - Entre la beauté classique de l’art antique et le majestueux de l’art gothique, l’art roman fut bien peu admiré. Le mépris venant surtout de la méconnaissance, cette nouvelle campagne photographique de neuf monuments français romans vient à point nommé.

Il ne s’agit pas là de s’extasier sur la beauté des architectures et sculptures, mais de comprendre comment s’est écrite l’histoire de l’art roman et de le replacer habilement dans le contexte de création de l’époque, sans anachronismes. Le très pédagogique Michel Pastoureau balise intelligemment et simplement le terrain en introduction de l’ouvrage. Ainsi, il rappelle que le mot « roman » n’est apparu qu’autour de 1820, après avoir longtemps été qualifié de « premier gothique », et la sculpture de « déformée, grossière et d’une exécution ridicule ». L’auteur et le photographe se concentrent sur le portail, lieu d’entrée et de sortie des fidèles mais aussi de cérémonies, et sur son iconographie, inspirée des manuscrits conservés dans les bibliothèques monastiques, dictée par la réforme grégorienne et commandée par le maître d’œuvre. À qui s’adresse-t-elle ? Que voit-on le plus souvent sur ces façades et pourquoi ? Que signifient ces scènes sculptées, quel récit donnent-elles du Livre saint ? Que peut nous apprendre la polychromie, aujourd’hui en grande partie perdue ? Dans un format portfolio, les photographies dévoilent les détails tour à tour effrayants, comiques, minutieux et édifiants d’une sculpture architecturale trop éloignée de l’œil pour être contemplée sur place et pourtant d’une exécution ingénieuse et assurée.

Michel Pastoureau, photographies de Vincent Cunillère, Tympans et portails romans, Seuil, 215 p., 45 €.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°676 du 1 février 2015, avec le titre suivant : Revoir l'art roman

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