Théâtre - Il faut du culot pour écrire et monter un abrégé pédagogique du Cid. Il faut aussi du talent pour cela ne finisse pas en théâtre de patronage.
Jean Bellorini, directeur du Théâtre national populaire de Villeurbanne, a conjugué les deux. Le spectacle – vu en plein air, dans la cour d’honneur du château de Grignan, dans la Drôme provençale, lors du festival d’été des Fêtes nocturnes – commence par un commentaire de l’action. Dans un glissement imperceptible rendu possible par les nuances du jeu des acteurs, le spectateur bascule dans la pièce, ou ce qu’il en reste. Et il est plongé au cœur de l’intrigue originelle, qui se trouve presque renforcée par un effet de loupe, puisqu’un certain nombre de scènes et personnages périphériques ont été laissés en chemin. La mise en scène, oscillant sans cesse entre tension dramatique et burlesque (quitte à parfois étirer trop longtemps certains gags), parvient à restituer toute l’intelligence du texte. Les grandes punchlines cornéliennes sont là, qui participent au plaisir des spectateurs invités à réciter les tirades. De manière étonnante, une figure émerge ici : le personnage de l’Infante, amoureuse transie d’un Cid qui n’a évidemment d’yeux que pour Chimène. Elle devient dans cette adaptation un personnage central, et poignant. Une mention spéciale au comédien François Deblock (le Cid), qui, enfoncé dans un immense château gonflable, chante « SOS d’un terrien en détresse » de Daniel Balavoine accompagné au piano. C’était très risqué, et cela passe formidablement : dans l’humour, la justesse et l’émotion. À l’image du spectacle.
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On réveille bien Corneille
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°780 du 1 novembre 2024, avec le titre suivant : On réveille bien Corneille