Sous le titre de Rue Sauvage, Élisabeth Wetterwald propose une série d’essais monographiques et d’entretiens pour appréhender la situation artistique de la fin des années 1990. Une compilation moins éclectique qu’il n’y paraît.
L’ouvrage d’Élisabeth Wetterwald commence par un article sur l’œuvre de Bruno Peinado et s’achève par un essai sur la figure de l’artiste comme “celui que l’on n’attend pas”. Entre les deux se succèdent des textes sur notamment Boris Achour, Maurizio Cattelan, Pierre Huyghe, Annlee et Tatiana Trouvé, un développement plus général sur “L’art de la chute”, ainsi que des entretiens avec Alain Bublex et Joseph Scanlan. Il ne s’agit pas pour autant d’un “recueil”, précise l’auteur. Élisabeth Wetterwald prend le contre-pied des ouvrages mais aussi des expositions thématiques (“alibis qui permettent à certains de justifier des goûts personnels (ce qui, en soi, est à tout à fait légitime), à d’autres de donner aux œuvres, et au fait de les regrouper, une caution intellectuelle circonstancielle”), pour, écrit-elle, “privilégier l’éclat plutôt que l’effet masse, et les possibilités de dérives plutôt que les certitudes”. Démission facile ou décision sage ? Parti pris plutôt, qui n’empêche pas de composer un ouvrage comme une compilation, où les enchaînements valent autant pour leurs ruptures que pour la continuité qu’ils proposent, et où chaque texte permet d’approcher (malgré l’absence totale d’iconographie) un travail particulier.
Si les écarts sont multiples, la continuité est d’abord chronologique. Les artistes, s’ils sont à des degrés divers de leurs parcours ou de leurs “visibilité”, tombent tous dans la tranche des 30-40 ans, si bien qu’ils composent ensemble un portrait possible de la situation artistique de la fin des années 1990. Un contexte détaché des “post” et des débuts, avec des artistes moins “endeuillés que libérés : libérés de la nécessité du nouveau et de l’invention, libérés de l’idée que la création n’a d’intérêt que dans la mesure où elle s’inscrit ostensiblement dans une histoire progressiste”, mais porteurs de l’invention d’un “présent vivable”.
Élisabeth Wetterwald, Rue Sauvage, Les presses du réel, 109 p., 8 euros. ISBN 2-84066-084-9.
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Présent composé
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°175 du 29 août 2003, avec le titre suivant : Présent composé