Inaugurée l’été dernier avec la publication de trois livres, la collection « Percevoir », aux Éditions de La Martinière, met en avant les « nouveaux talents de la photographie et des arts visuels ».
Pour ce faire, un portfolio photographique est associé à un texte, qui ne prend pas les œuvres pour objet, mais est pensé comme une « réponse » à l’univers de l’artiste, pour offrir un autre regard sur les sujets soulevés. Cette collection, dirigée par Simon Baker, directeur de la Maison européenne de la photographie, entend ainsi « revenir aux sources de la photographie : montrer et révéler ». La publication de deux nouveaux livres début juin a démontré l’accomplissement de cette ambition. Pour accompagner les images issues de la collection « Beijing Silvermine » de Thomas Sauvin (1983), récupérées auprès d’une entreprise de recyclage en Chine, l’artiste et romancier François Durif propose un récit inspiré de son expérience de travailleur des pompes funèbres. Ainsi, aux images documentant la vie quotidienne d’anonymes en Chine entre 1985 et 2005 est associée une émouvante réflexion intime sur les fragments et la trace. « Je ne me suis jamais senti aussi vivant que dans ce métier de croque-mort, parce qu’au plus près de cette lisière où les images se retirent pour pouvoir se déployer de l’intérieur dans un temps plus long », écrit François Durif à la fin de son texte, qui s’interroge, comme les photographies de Thomas Sauvin, sur le pouvoir des images à constituer des supports de mémoire. La thématique est tout autre dans le second livre publié cette année : en réponse aux images d’éléments architecturaux orphelins ou de dispositifs performatifs installés dans des vastes paysages désertiques réalisées par Noémie Goudal (1984), Guillaume Logé, chercheur et docteur en esthétique, livre un très beau texte intitulé « L’œil chrysalide. Notes sur un voir écologique ». Composé de fragments de pensée et convoquant autant la poésie que la philosophie ou la science, ce texte déploie une réflexion sur la nécessité d’un regard « tourné vers la compréhension et l’habitation du monde » à l’ère de l’Anthropocène, et crée des échos féconds avec les œuvres de Noémie Goudal. À la fin de chacun des livres de la collection, un court texte écrit par Simon Baker présente de manière plus classique l’artiste et son travail.
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"Percevoir" chez La Martinière
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°757 du 1 septembre 2022, avec le titre suivant : "Percevoir" chez La Martinière