Art moderne

Montrer la Valadon de la révolution du corps féminin et masculin

Par Pauline Bailly · L'ŒIL

Le 27 décembre 2024 - 431 mots

Entretien avec Chiara Parisi, directrice du Centre Pompidou-Metz, et Nathalie Ernoult, attachée de conservation, commissaires de l'exposition « Suzanne Valadon ».

Comment est né ce projet d’exposition ?

Chiara Parisi -  Il n’y avait pas eu de d’exposition monographique de Suzanne Valadon à Paris depuis les années 1960, et il était temps de montrer l’ensemble de l’œuvre d’une artiste très puissante. L’exposition est née au Centre Pompidou-Metz pour ensuite partir en itinérance dans plusieurs musées. Laurent Le Bon nous a invitées au Centre Pompidou pour l’une des dernières expositions avant la métamorphose du bâtiment, en signe de grande amitié entre nos musées, d’autant que le Centre Pompidou possède la plus grande collection publique des œuvres de Valadon. Nathalie Ernoult a effectué des recherches exceptionnelles sur des tableaux très importants de l’artiste. Ce sera aussi l’occasion de montrer d’autres œuvres comme un corpus de dessins que l’on n’avait pas pu présenter à Metz.

Qu’ont pu révéler vos Recherches ?

Nathalie Ernoult -  Nous avons travaillé sur l’œuvre Adam et Ève, qui représente les deux personnages bibliques sous les traits de Suzanne et son amant Utter. Ce dernier a le sexe masqué d’une feuille de vigne. Nous nous sommes questionnés sur l’origine de cet ajout, puis nous nous sommes rendu compte que l’œuvre avait été lacérée à coups de couteau au niveau des parties intimes d’Adam et Ève. La toile a ensuite été restaurée par Valadon avant d’être acquise en 1937 par l’État pour le Musée du Luxembourg.

L’exposition renouvelle-t-elle le regard Sur Suzanne Valadon ?

c. p - . Il y a beaucoup d’écrits à son sujet qui concernent essentiellement sa vie personnelle, mais peu parlent en profondeur de sa production picturale. Sa vie romanesque a dévoré sa vie artistique. L’exposition est une mise en lumière de son travail. Nous voulons montrer la Valadon de la révolution du corps féminin et masculin, sans forme de voyeurisme, avec des couleurs acides, les peaux Parfois presque vertes.n. e - . Valadon a changé le regard sur le corps des femmes et des hommes. Elle rompt avec le point de vue masculin. Son odalisque (La Chambre bleue) n’est pas nue, allongée et lascive, mais habillée, indépendante, cultivée, la cigarette à la bouche. Il y a tout ce travail de reprise de thèmes classiques, comme avec Adam et Ève, mais en changeant la façon de faire, avec un style Qui lui appartient.c. p - . Valadon est une artiste tellement puissante ; on le voit encore dans son dernier autoportrait aux seins nus, à presque 70 ans. Elle nous défie du regard, avec une pointe de mélancolie. C’est une femme qui s’est battu toute sa vie.

 
À voir
L’exposition du Centre Pompidou est reprise et adaptée de l’exposition « Suzanne Valadon. Un monde à soi » (commissariat de Nathalie Ernoult, attachée de conservation, Chiara Parisi, directrice du Centre Pompidou-Metz et Xavier Rey, directeur du Musée national d’art moderne) qui a été conçue par le Centre Pompidou-Metz et présentée du 15 avril au 11 septembre 2023. Elle a également fait étape au Musée d’arts de Nantes du 27 octobre 2023 au 11 février 2024 et dans une version adaptée au Musée d’art de Catalogne à Barcelone du 19 avril au 1er septembre 2024.

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°782 du 1 janvier 2025, avec le titre suivant : Montrer la Valadon de la révolution du corps féminin et masculin

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