Les œuvres sur papier de Staël sont aussi importantes que ses huiles sur toile justifiant leur référencement.
Après avoir publié une mise à jour importante en 1997 du catalogue raisonné de l’œuvre peint de son mari, Françoise de Staël avait mis en chantier le catalogue raisonné des œuvres sur papier. Celui-ci était quasiment achevé au moment de sa disparition en mars 2012. Elle seule pouvait s’attacher à un tel projet, disposant des archives et du fonds d’atelier du peintre disparu en 1955. Un projet gigantesque malgré la brièveté de la carrière de Nicolas de Staël, pas moins de 1427 numéros embrassant toutes les techniques : fusain, feutre, mine de plomb, encre de chine, aquarelle ou collages. On trouve même deux blocs de pierre gravés. « Staël a toujours beaucoup dessiné », écrit sa fille Anne (issue de son premier mariage avec Jeannine Guillou), rapporté par Germain Viatte dans son introduction. Il dessinait beaucoup, et bien, pourrait-on ajouter. Les premiers dessins – Staël a tout juste 21 ans – témoignent d’une capacité d’observation et d’une maîtrise du trait, acquises en partie au cours de sa formation aux Beaux-Arts de Bruxelles. Le premier numéro est une aquarelle représentant une étude de port fort bien construite. Staël dessinait pour préparer ses compositions sur toile mais plus encore considérait ses œuvres sur papier comme des œuvres abouties. Sa galeriste Jeanne Bucher en a souvent exposé et aujourd’hui la cote de ces œuvres ne cesse d’augmenter.
La chronologie inhérente à un catalogue raisonné permet de retracer les allers et retours du peintre entre figuration et abstraction. Ses premiers dessins figuratifs, réalisés lors de ses séjours en Espagne ou au Maroc, sont surtout des prises de notes de personnages ou paysages et des portraits de Jeannine. En 1942, il s’installe en famille à Nice où il côtoie Magnelli et Sonia Delaunay. À leur contact, il bascule totalement dans une abstraction ondoyante et colorée où les formes biomorphiques envahissent le pastel. Le trait reste cependant très présent et se répète parfois en hachures ou en faisceaux. La plupart sont des œuvres abouties et manifestent une maîtrise remarquable pour un fraîchement converti à l’abstraction. Staël travaille beaucoup, « une tonne de passion et cent grammes de patience », écrit-il en 1945. Il expérimente aussi beaucoup, chaque technique donne naissance à des œuvres de natures très différentes. Dix ans plus tard, à contre-courant de son époque, il revient à l’abstraction avec une énergie décuplée (deux tiers des œuvres sur papiers ont été réalisées entre 1952 et 1955) autant par envie de se renouveler, une force qui l’assaille, que par le désir de représenter la réalité. Cette réalité, ce sont les célèbres footballeurs, mais aussi des paysages, des barques et des nus féminins, dont celui de Jeanne Mathieu qui deviendra sa maîtresse. Une maîtresse distante, dont l’éloignement n’est pas pour rien dans son suicide à Antibes.
Françoise de Staël, Nicolas de Staël. Catalogue raisonné des œuvres sur papier, Ides et Calendes, 600 pages, 150 €
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Les papiers de Staël, le catalogue raisonné
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°396 du 6 septembre 2013, avec le titre suivant : Les papiers de Staël, le catalogue raisonné