Les Cahiers du Musée national d’art moderne

Pour une revue, l’importance du tirage n’est pas l’unique facteur de longévité, ni l’audience le seul vecteur de l’influence – comme le confirment les Cahiers du Musée national d’art moderne publiés par le Centre Pompidou, dont la 86e livraison a paru en janvier dernier.
Revue relativement confidentielle mais influente, créée fin 1979 autour de Jean Clair et de Dominique Bozo, elle s’est centrée, dès l’origine, sur l’histoire et la théorie de l’art, tout en accompagnant
la politique d’expositions, d’acquisition et de recherche du Mnam. L’approche éditoriale et le graphisme des Cahiers ont évolué au fil des ans, en accord avec les choix des rédacteurs en chef successifs. Depuis 1994, c’est à Jean-Pierre Criqui, historien d’art, inspecteur principal à la création artistique et commissaire de plusieurs expositions (dont « Bustamante » à la dernière Biennale de Venise), que revient la charge de faire vivre la revue : la couleur, qui s’en était éclipsée dans les années 1980 et 1990, est revenue en force et des commandes sont passées à des artistes qui collaborent activement au projet graphique. Les sommaires continuent de se faire l’écho de la programmation du Centre (Dada et moi, questionnaire à 28 artistes établi par Christine Macel, dans
le numéro de l’automne 2003, proposait un « processus de réflexion en amont » de l’exposition « Dada » programmée pour 2005), et des études d’œuvres acquises par le musée (étude du Guillaume Tell de Dali par Didier Ottinger dans le n° 83), mais la revue ne s’interdit pas des incursions savantes, qui font le bonheur du lecteur, dans des domaines éloignés des collections, ainsi, dans le n° 85, le texte de Georges Didi-Huberman sur l’art graphique de Victor Hugo et, dans le n° 86, l’article que
Jean-Claude Lebensztejn consacre à « Une source oubliée de Cézanne ».