Odilon Redon sous le signe de Vénus
Deuxième volume du catalogue raisonné de l’œuvre d’Odilon Redon, cet ouvrage, intitulé Mythes et légendes, s’ouvre sur la naissance de Vénus, à laquelle le peintre a consacré de nombreuses huiles et pastels. Ce catalogue, en effet, n’est pas conçu chronologiquement comme c’est l’usage, mais thématiquement, puisque le peintre ne datait pas ses travaux. Il existe cependant un “livre de raison” conservé à la bibliothèque Jacques Doucet, qui ne pourra livrer ses secrets qu’en 2002 selon les dispositions testamentaires de Redon. L’auteur a toutes les raisons de ne pas s’en plaindre puisque cette méthode permet d’y voir plus clair dans l’immense production de ce créateur de chimères et de monstres.
- Alec Wildenstein, Odilon Redon, catalogue raisonné, mythes et légendes, Wildenstein Institute, La bibliothèque des arts, 386 p. 1 200 F.
Roger Vieillard voulait dans sa jeunesse être écrivain. Il a renoncé à cette vocation pour devenir un graveur célèbre. Il avait pourtant écrit un roman en 1940, Les Rives du Scamandre, resté pendant cinquante ans dans les tiroirs de son auteur et qui est publié aujourd’hui, cinq ans après sa mort. L’ouvrage est, selon Marc Fumaroli qui le préface, un “roman-mémoire”, “le récit d’une éducation sentimentale commencée dès l’enfance et poursuivie jusque dans l’âge adulte”. “Portrait d’une génération”, ce roman est pour Marc Fumaroli, “l’une des meilleures peintures morales que l’on puisse lire de la France de l’entre-deux-guerres”.
- Roger Vieillard, Les Rives du Scamandre, 312 p., Éditions de Fallois, 130 F.
Le Paris de l’Introuvable
Vous cherchez l’adresse d’un musée, d’un monument, d’une galerie, d’un commissaire-priseur… Ce petit livre, très maniable, recense 2 000 adresses parisiennes. Son auteur, Joël Girard, livre pour chaque lieu un court descriptif, très actualisé en particulier pour les galeries. Une liste de tous les établissements cités, un index constitué de 1 000 mots clés permettent en outre d’être plus facilement guidé dans les méandres de la vie artistique parisienne.
- Le Paris de l’Introuvable, Galeries, musées, monuments, infos pratiques… Joël Girard, Delatraz Éditions, Jean-Claude Lattès, 99 F.
La vraie grandeur de Giacometti
Thierry Dufrêne avait déjà publié en 1991 un essai sur Giacometti. Le présent ouvrage a été élaboré à partir de sa thèse de doctorat (soutenue en 1993) et s’attache à la question de la dimension dans l’œuvre du peintre et du sculpteur. “Il fallait nécessairement que Giacometti eût résolu de la façon la plus décisive la question de l’exacte dimension de l’être humain, au-delà de la simple mesure, du simple rendu réaliste des proportions, intégrant sa ‘dimension’ métaphysique, sa profondeur, et le contenu relationnel, l’aspect phénoménologique de la vision.” Reprenant avec discernement les éléments complexes de la question essentielle de “taille phénoménologique”, l’auteur montre en particulier comment “l’œuvre-vision est devenu œuvre-événement, l’apparence s’est faite apparition”.
- Thierry Dufrêne, Giacometti, les dimensions de la réalité,</i> éditions Skira, 224 p. 160 F.
La peinture attribuée
Les éditions de la Lagune publient un ouvrage essentiel de Giovanni Morelli (1816-1891) sur l’élaboration des critères qui permettent d’encadrer l’attribution d’une œuvre à un artiste ou à un autre. De formation médicale, membre de l’École de peinture de Brera, homme politique, Morelli a jeté avec rigueur les bases d’une méthodologie. Retenant trois traits discriminants pour “lire” les œuvres (la stylistique de la représentation des corps, l’anatomie et la morphologie, et enfin les “tics”), il a systématiquement étudié différentes collections, dont la Borghèse et la Doria-Pamphili, qui sont à la base de l’ouvrage. Largement illustré, ce livre, dont les conclusions n’ont pas été remises en cause et dont l’influence reste nécessairement déterminante, est indispensable aux amateurs de la peinture italienne renaissante.
- Giovanni Morelli, De la peinture italienne, les fondements de la théorie de l’attribution en peinture à propos de la collection des galeries Borghese et Doria-Pamphili, texte établi par Jaynie Anderson, traduit de l’italien par Nadine Blamoutier, Éditions de la Lagune, 550 p., 390 F.
Antonio Saura ou l’œuvre noire
Autodidacte, un temps associé aux activités des surréalistes dans le Paris des années cinquante où il avait trouvé refuge, Antonio Saura est avec Antoni Tàpies l’un des peintres espagnols les plus célèbres de sa génération. Si ses premières œuvres sont marquées par un pessimisme noir, son inspiration a évolué sensiblement au fil des années sans se départir, jamais, cependant d’une certaine violence et d’un esprit cruel de dérision, dont témoignent entre autres ses Crucifixions ou ses Femmes-fauteuils. La volumineuse monographie que publient les éditions de la Différence réunit, entre autres, des textes de Gérard de Cortanze, de Francisco Calovo Serraller et de Severo Sarduy. Les mêmes éditions publient également Mémoire du temps, carnet de notes où le peintre exprime avec ardeur ses conceptions de l’art.
- Gérard de Cortanze, Antonio Saura, éditions de la Différence, 382 p., 600 F.
- Antonio Saura, Mémoire du temps, traduit de l’espagnol par G. de Cortanze, éditions de la Différence, 176 p., 139 F.
Intimité et immensité
Lucien Hervé est souvent reconnu comme étant “le” photographe de Le Corbusier, pour avoir suivi tous les chantiers de l’architecte à travers le monde. Ses photographies sont accompagnées d’un poème et d’un essai de Bernard Noël.
- Intimité et immensité, Lucien Hervé, Bernard Noël, Éditions Temenos (26, rue Bois le Vent 75016 Paris), 114 p., 250 F.
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Les Brèves : Odilon Redon, Roger Vieillard..
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°11 du 1 février 1995, avec le titre suivant : Les Brèves : Odilon Redon, Roger Vieillard..