PARIS
« Chaque graffeur recourt à la photographie pour recenser ses productions. » De ce constat, Bernard Fontaine tire un opus élégant, dense, documenté, et d’autant plus judicieux qu’il traite d’un sujet central mais encore peu traité : les fonctions du geste photographique dans la culture graffiti.
Ce sujet, l’auteur l’explore en trois temps. Il rappelle d’abord que la photographie permet de conserver la mémoire d’œuvres vouées à la disparition, du fait de leur illégalité. Diffusées dans les fanzines et une poignée d’ouvrages spécialisés, certaines de ces traces jouent d’ailleurs un rôle de « vecteur actif » : les photographies d’Henry Chalfant et Martha Cooper, de Jon Naar ou de Jack Stewart ont été déterminantes dans la diffusion du writing. Le geste photographique, souligne encore l’ouvrage, est aussi une manière de saisir le « temps caché » du graffiti : celui de l’action, des coulisses d’un art dont le résultat est fugace et les modes opératoires invisibles. Mais L’Écriture de l’ombre pointe aussi ses limites : non seulement les clichés de graffitis sont autant de pièces à conviction, mais ils vouent à la surexposition médiatique une culture fondée sur le secret et l’anonymat. L’ouvrage se termine ainsi sur un paradoxe : le renoncement chez certains artistes à toute démarche de conservation et d’archivage au profit du récit oral, quitte à faire primer la légende sur l’histoire…
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L’écriture de l’ombre
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°720 du 1 février 2019, avec le titre suivant : L’écriture de l’ombre