En un temps où les « piètres penseurs » produisent de prétendus essais sur l’art au rythme des expositions du Grand Palais, le livre de Jean-Luc Nancy, authentique « philosophe contemporain », proche de Jacques Derrida, réconcilie, dans un style limpide et stimulant, le lecteur passionné d’art avec la philosophie.
Quatre œuvres sont commentées et cela suffit : l’Autoportrait de Johannes Gumpp du Musée des Offices, le Portrait d’Auguste Pellerin par Matisse, le Jeune homme devant un rideau blanc de Lorenzo Lotto et le Double portrait peint par Miquel Barceló en 1995. Pour Jean-Luc Nancy, le portrait ressemble (au modèle, au peintre, au spectateur, à lui-même ?), rappelle (à soi, à l’autre ?) et regarde (qui, quoi ?). Tout portrait, tendu entre le regard qui affleure et le fond du tableau qui aspire ou fait surgir la figure, situe le sujet entre effacement et émergence. Réflexion sur la surface de la peinture, sur un genre qui cristallise l’art et le monde. Depuis Pascal (« le portrait porte absence et présence ») et Baudelaire (« le vrai portrait, reconstruction idéale d’un individuel »), on pouvait penser que, sur cette question comme sur bien d’autres, tout est dit et l’on vient trop tard. Avec talent et clarté, Jean-Luc Nancy démontre que le sujet était neuf.
Jean-Luc Nancy, Le Regard du portrait, frontispice de François Martin, éd. Galilée, 95 p., 125 F, ISBN 2-7186-0531-6.
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Le regard du portrait
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°519 du 1 septembre 2000, avec le titre suivant : Le regard du portrait