Le facteur économique entrave de toute évidence la diffusion des textes sur l’art. Les ouvrages luxueux sont, pour une partie du public et spécialement pour les étudiants, dissuasifs quand ils ne sont pas inutiles. Le propos de la nouvelle collection "art et esthétique" des éditions Carré est explicite : permettre l’accès à des textes de qualité sur des sujets importants, à des prix défiant toute concurrence dans ce domaine. Mieux vaut lire peu et bien que beaucoup et mal : Roberto Longhi, Meyer Schapiro, Henrich Wölfflin, Francis Bacon ou Jean-Claude Lebensztejn figurent parmi les premiers auteurs publiés. Aucun artifice dans cette entreprise qui relève davantage du pari : démontrer qu’il n’y a pas de domaine réservé ni de destin funeste dans le domaine du livre d’art quand on se donne les moyens de renoncer à la poudre aux yeux.
Collection art et esthétique, éditions Carré, chaque volume 96 p., 30 F jusqu’au 30 juin, 35 F ensuite.
Quel genre aura jamais eu autant d’impact que la nature morte ? Après un volume consacré à celle des Pays du Nord, les éditions Herscher publient un deuxième volet centré sur le sud de l’Europe (Italie, Espagne et France), quand les grands maîtres lui donnent définitivement ses lettres de noblesse. Le prestigieux patronyme de l’auteur cache le directeur de la Maison de l’histoire de la Bavière à Ausbourg, par ailleurs peintre lui-même.
Claus Grimm, Natures mortes italiennes, espagnoles et françaises aux XVIIe et XVIIIe siècles, éditions Herscher, 248 p., 580 F jusqu’au 30 juin, 725 F ensuite.
Paraît, au moment de la grande exposition du Musée d’art moderne de la Ville de Paris, le deuxième volume du catalogue raisonné de l’œuvre de Pierre Soulages. Il porte sur la période 1959-1978, perçu par son auteur, Pierre Encrevé, comme un moment central de la carrière de l’artiste. C’est aux alentours des années soixante, en effet, que Soulages s’attache à la question du noir et de la lumière qui lui donne toute son épaisseur irradiante. L’auteur a recensé 405 peintures qu’il décrit minutieusement, mêlant indications biographiques, renseignements inédits et réflexions approfondies.
Pierre Encrevé, Soulages, l’œuvre complet, peintures, 2, éditions du Seuil, 328 p., 1 200 F jusqu’au 30 juin, 1 500 F ensuite.
Le vingt et unième siècle, on se le rappelle, sera spirituel ou ne sera pas, selon la prophétie d’André Malraux. Le moment est bien choisi, certainement, pour contribuer à une relecture des symboles du catholicisme en ce qu’ils ouvrent à la profondeur du message christique dans toute sa simplicité. Hélas, les photographies sont d’une rare vulgarité qui dessert avec diligence les buts fixés. Il faut encore chasser les marchands du Temple.
Dom Robert le Gall et Laziz Hamani, Les symboles catholiques, éditions Assouline, 128 p., 240 F jusqu’au 30 juin, 299 F ensuite.
Dans cet essai sur Bacon, Philippe Dagen a choisi de se soustraire aux influences ombrageuses de Leiris et de Deleuze, préférant établir son analyse à partir d’Adorno, Bataille et Benjamin. Bacon s’attaque aux vivants, les met à nu et les dépèce avec une rage dont l’époque offre peu d’équivalents. Selon Dagen, Bacon mène ce combat à la fois contre l’histoire et contre la fausse vérité de la photographie. Un double combat pour un double meurtre. Ouvrage publié en prévision de la rétrospective du peintre au Centre Georges Pompidou.
Philippe Dagen, Francis Bacon, éditions Cercle d’art, 160 p., 190 F jusqu’au 30 juin, 240 F ensuite.
L’aquarelle n’est pas le genre mineur où une hâtive hiérarchie voudrait la circonscrire. Conservateur au Musée du Petit Palais, José de los Llanos a voulu lui redonner toute sa place dans les processus de création et dégager un espace qui lui soit propre. De l’Allemagne à l’Angleterre, l’aquarelle est un art des Pays du Nord, mais qui a pu naturellement toucher d’autres rivages, conquérant une importance déterminante dans l’Impressionnisme, par exemple. Un splendide album pour une reconsidération essentielle.
José de los Llanos, L’aquarelle de Dürer à Kandinsky, éditions Hazan, 216 p., 316 F jusqu’au 30 juin, 395 F ensuite.
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Le Mai en bref
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°25 du 1 mai 1996, avec le titre suivant : Le Mai en bref