Le Journal des Arts a 30 ans

Que serait la création contemporaine sans ces milliers d’artistes qui tentent de raconter le monde ou leurs émotions intérieures en inventant des formes ? Et sans les galeristes qui les soutiennent ? Dans quel état seraient nos églises, vieilles demeures et châteaux si des élus, fonctionnaires ou entrepreneurs ne se démenaient pas pour les restaurer ? Qui sont ces conservateurs, directeurs de musées ou historiens de l’art qui ont transformé nombre de musées en lieux de vie et organisé des expositions accueillant des foules de visiteurs ?

C’est en pensant à ces dizaines de milliers d’hommes et de femmes que Le Journal des Arts a voulu célébrer son 30e anniversaire en mettant en avant 30 artistes internationaux et 30 acteurs du patrimoine et de la création en France. Trente (classés par ordre alphabétique car ce n’est pas un palmarès) en regard de dizaines de milliers : exercice quasi impossible et qui a provoqué des débats sans fin au sein de la rédaction quand il s’est agi de les désigner. La définition était simple en apparence : des personnalités qui, par leur action significative, incarnent les tendances majeures de la création et du patrimoine depuis 1994.

Ces tendances se sont imposées assez vite : la mondialisation, le numérique, le développement des musées et expositions, la protection du patrimoine, l’intérêt pour l’art contemporain par le grand public, la présence du marché de l’art, la parité homme-femme… On remarque cependant que ce qui semble faire aujourd’hui l’actualité – la transition écologique, la prise en compte de la diversité – ne l’était pas il y a encore cinq ou dix ans.

Le travail a été autrement plus complexe quand il a fallu peser les contributions respectives des uns et des autres. Les 52 000 archives numériques du Journal des Arts ont été une précieuse aide pour prendre la mesure de leur apport, se rappeler ceux qui sont aujourd’hui disparus mais ont été déterminants et redresser des images parfois erronées. Malgré la tentative d’objectivation, ces choix restent forcément subjectifs et l’on imagine déjà les inimitiés qu’ils vont susciter. C’est dans l’ordre des choses, ou plus exactement dans l’ordre du Journal des Arts qui ne craint pas depuis trente ans de s’engager, de pointer les dysfonctionnements, de faire des enquêtes qui dérangent ou, au contraire, de saluer les heureuses initiatives et les manifestations réussies. L’exercice sera plus facile pour les 50 ans du Journal des Arts, en 2044.