La Pompéi du promeneur solitaire

Répondant à une commande du Parc archéologique de Pompéi, qui souhaitait mettre en lumière le Grande Progetto Pompei, « grand projet » de restauration de Pompéi initié en 2012 par le gouvernement italien et l’Union européenne, le photographe révèle avec délicatesse le nouveau visage de la ville antique, nous entraînant dans des lieux longtemps fermés et rouverts après leur restauration, comme dans ceux qui ne sont plus ouverts que par alternance, pour des raisons de conservation et de protection face au flux croissant de visiteurs.Luigi Spina a débuté son voyage photographique en 2020, en pleine pandémie : il a pu marcher seul, sans hâte, dans une Pompéi vidée de ses visiteurs, travaillant à la lumière naturelle. Pour ne pas nous perdre, les maisons photographiées sont regroupées par quartiers, correspondant aux subdivisions du site en regiones, et signalées sur une carte au début de chaque chapitre. Au fil des pages de ce superbe ouvrage, à travers près de 300 clichés qui racontent la vie intime de cette cité des domus pompéiennes, nous devenons à la suite du photographe des promeneurs solitaires, invités à déambuler dans la cité antique et à pénétrer dans les demeures ornées de fresques et de mosaïques, comme à contempler le ciel par-dessus un toit ou un arbre berçant sa palme. Car ce ne sont pas alors seulement de superbes scènes mythologiques, des frises raffinées, des mosaïques et des incrustations de marbre qui se révèlent à nos yeux et nous émerveillent, mais aussi des lieux où des hommes, des femmes et des enfants ont vécu, ri, mangé, aimé. Chaque photographie est accompagnée d’une fiche rédigée par Domenico Esposito, archéologue, chercheur à l’Institut archéologique allemand de Berlin, présentant les villaset leurs habitants, qui nous ouvrent ainsi leurs portes et partagent leur intimité. « Voici ce qu’est Pompéi : une trouée temporelle dans la vie des autres », murmure Luigi Spina.