Jeff Wall, Essais

En convoquant divers modèles (cinématographiques, littéraires et même picturaux), Jeff Wall avait par la suite commencé à produire, à partir de 1979, ses fameux caissons lumineux, aujourd’hui encore sujets à de multiples interprétations. Le recueil de textes et d’entretiens que viennent de publier les Beaux-Arts de Paris constitue donc une source précieuse pour comprendre la démarche de cet artiste. Dans plusieurs essais (inédits en français) l’artiste revient sur l’évolution de son travail et sa dette envers certains artistes comme Dan Graham, Roy Arden ou On Kawara. Outre ses textes d’une incroyable lucidité portant sur les impasses de l’art conceptuel des années 70, cet ouvrage vaut également pour les séries d’entretiens qui le ponctuent. Ceux menés avec brio par Jean-François Chevrier tentent de définir quelle devrait être la position idéale d’un artiste face au monde contemporain. Eblouissantes d’intelligence, les réflexions de Jeff Wall constituent donc l’une des plus formidables leçons d’histoire de l’art de ces dernières années. Parfois véhéments, souvent critiques, les propos de cet artiste ne cessent d’évoquer les grands modèles historiques de l’histoire de l’art (Manet, la peinture d’histoire du XIXe siècle). Il convient donc de lire avec attention et sérieux les écrits d’un homme qui s’affirme aujourd’hui comme l’une des figures centrales de l’art des 30 dernières années.