Pouvait-on espérer bande dessinée plus réussie sur Pollock ? Avec Pollock Confidential, Onofrio Catacchio livre aux éditions du Chêne un roman graphique de grande qualité, frôlant même la perfection.
Son parti pris est intéressant : raconter la vie du peintre à travers les yeux d’un agent de la CIA, les services secrets américains. L’album commence ainsi comme une histoire d’espionnage, lorgnant du côté de Largo Winch, pour changer de genre en cours de route et emprunter un virage plus émouvant, en se rapprochant de la personnalité de Jackson Pollock (1912-1956). À partir de ce moment-là, la bande dessinée aborde le processus créatif de l’inventeur du dripping, dont l’influence des peintures de sable amérindiennes sur sa pratique, ainsi que l’opération « laisse longue ». Ce projet monté par la CIA était destiné à lutter contre l’influence culturelle communiste en finançant la circulation de l’expressionnisme abstrait américain. Insidieusement, l’ouvrage pose donc la question : Pollock serait-il devenu un peintre majeur sans l’aide de la CIA ? Le roman graphique laisse peu de doute sur la réponse : Pollock était un artiste total, dont la démarche et la sincérité ont touché au cœur Dan Adkins, l’agent en charge de le surveiller. Plusieurs passages, qui s’intègrent parfaitement au récit, sont consacrés à la technique originale de Pollock. C’est d’ailleurs l’une des grandes forces d’Onofrio Catacchio de parvenir à transmettre de nombreuses informations factuelles tout en les intégrant au récit. Graphiquement, Pollock Confidential s’illustre par un découpage harmonieux, inspiré des œuvres du peintre. Un jeu de lumière rend chaque planche incroyablement vivante, et transforme le lecteur en observateur privilégié depuis une villa de la côte. C’est peut-être là le secret de cette passionnante biographie : faire renaître Pollock le temps d’une balade à Long Island.
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Jackson Pollock
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°734 du 1 mai 2020, avec le titre suivant : Jackson Pollock